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Israël : le Premier ministre Naftali Bennett perd sa majorité historique au Parlement

Le chef du gouvernement israélien, Naftali Bennett, n'a plus de majorité au Parlement après le départ d'une députée, moins d'un an après son arrivée au pouvoir. Quatre législatives se sont déjà déroulées dans le pays entre 2019 et 2021.

Nouvelle crise politique en Israël : moins d'un an après son arrivée au pouvoir, la coalition du Premier ministre Naftali Bennett a perdu le 6 avril sa majorité au Parlement après le départ surprise d'une députée de droite, aussitôt courtisée par le chef de l'opposition Benjamin Netanyahou. Dans la matinée du 6 avril, la députée Idit Silman, élue de la formation de droite radicale Yamina du Premier ministre Bennet, a ainsi quitté la coalition qui disposait de 61 sièges, seuil de la majorité à la Knesset, le Parlement israélien comptant 120 députés.

«J'ai tenté la voie de l'unité. J'ai énormément travaillé pour cette coalition, mais malheureusement je ne peux pas nuire à l'identité juive d'Israël», a déclaré Idit Silman dans un communiqué, donnant le la à une journée politique intense en Israël, pays qui a tenu quatre législatives en deux ans, de 2019 à 2021. 

Naftali Bennett et le centriste Yaïr Lapid avaient finalement réuni en juin 2021 une coalition hétéroclite soutenue par 61 députés et réunissant la gauche, le centre, des partis de droite et une formation arabe, une première dans l'histoire du pays, pour mettre fin à plus de 12 ans consécutifs de règne de Benjamin Netanyahou.

«Je mets fin à ma présence dans la coalition et je vais tenter de parler à mes amis afin de retourner à la maison et former un gouvernement de droite. Et je sais que je ne suis pas la seule à me sentir ainsi», a ajouté la députée Idit Silman dont la déclaration a été aussitôt saluée par le chef de l'opposition Benjamin Netanyahu.

«Idit, tu viens de prouver que ce qui guide ton action est l'identité juive d'Israël, la terre d'Israël, et je t'accueille à nouveau dans le camp national», a déclaré dans une vidéo Benjamin Netanyahu qui dirige un bloc de l'opposition droite réunissant son parti, le Likoud, des formations juives orthodoxes et de l'extrême-droite.

Benjamin Netanyahou en quête de transfuges pour revenir au pouvoir

Le travail législatif de la Knesset est actuellement en pause et le budget, qui doit être approuvé par une majorité pour éviter la dissolution de la chambre, a déjà été approuvé par le Parlement. La coalition dispose désormais de 60 sièges, soit autant que l'opposition. Si celle-ci parvenait à rallier au moins un autre député au gouvernement, elle pourrait tenir un vote de non confiance et ainsi potentiellement mener le pays vers de nouvelles élections législatives.

Benjamin Netanyahou, qui cherche à revenir au pouvoir en dépit de son procès pour corruption, a appelé les autres élus de droite dans le gouvernement de coalition à rejoindre son camp. «Vous serez accueillis à bras ouverts et avec tous les honneurs», a-t-il déclaré le 6 avril, alors que l'opposition de droite avait déjà prévu une grande manifestation en soirée à Jérusalem contre le gouvernement de coalition.

Ce départ de la députée Idit Silman a eu lieu après une querelle cette semaine avec le ministre de la Santé, Nitzan Horowitz. Celui-ci avait demandé aux hôpitaux, en conformité avec une décision de la Cour suprême d'autoriser la distribution de pain au levain – et non azyme comme le veut la tradition juive – pendant la pâque juive. Des commentateurs politiques remettaient toutefois en cause ce seul motif, faisant plutôt état de tensions au sein de la coalition qui réunit à la fois des députés de la droite radicale et du parti arabe Ra'am. 

Cette crise politique intervient alors qu'Israël vient de subir trois attaques meurtrières, dont deux liées à l'organisation djihadiste Etat islamique, multiplie les opérations en Cisjordanie occupée, et craint des accrochages en marge des grands rassemblements liés au mois de jeûne du ramadan.