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Crimes de guerre présumés : Paris envoie des gendarmes en Ukraine pour assister les autorités

Des gendarmes français sont arrivés à Lvov, dans l'ouest de l'Ukraine, pour assister leurs homologues ukrainiens «dans les investigations des crimes de guerre commis autour de Kiev», a annoncé le 11 avril l'ambassadeur de France en Ukraine.

Il s'agit de la «première» unité étrangère «à apporter une telle aide», a affirmé sur Twitter Etienne de Poncins, ambassadeur de France en Ukraine.

«Fier d'accueillir à Lviv le détachement des gendarmes techniques et scientifiques venus assister leurs camarades dans les investigations des crimes de guerre commis autour de Kiev», a-t-il écrit. «Ils seront à pied d'œuvre dès demain.»

«Solidarité», a déclaré Etienne de Poncins, ajoutant les émoticônes des drapeaux français et ukrainiens. Le tweet était traduit également en ukrainien.

Anticiper l'enquête de la CPI 

«Une équipe technique du ministère de l'Intérieur chargée d'apporter son expertise en matière d’identification et de recueil de preuves aux autorités ukrainiennes est arrivée en Ukraine ce matin», ont affirmé de leur côté dans un communiqué conjoint les ministères français de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères. Démontrant par là leur conviction, avant même l'ouverture d'une enquête, que ces exactions ne peuvent qu'être attribuées à la Russie, qui a pourtant démenti vigoureusement toute responsabilité. Car sinon, pourquoi apporter de l'aide aux «autorités ukrainiennes», dont l'intérêt est précisément que l'enquête désigne son voisin comme coupable ? 

«En accord avec les autorités ukrainiennes, elle pourra également contribuer à l’enquête de la Cour pénale internationale», y est-il écrit.

Etienne de Poncins a, pour sa part, accompagné son tweet d'une photo montrant une quinzaine de gendarmes, dont une femme, en uniformes bleus, posant devant un camion blanc de l'Institut de Recherches criminelles de la Gendarmerie nationale (IRCGN), sur lequel est inscrit «Laboratoire mobile ADN».

Ces gendarmes sont des «experts en scènes de crime et d'identification des victimes», a précisé le communiqué des ministères français. Deux médecins légistes accompagnent également cette équipe qui «sera en mesure de mettre en place une chaîne d'examen et d'identification de corps».

Le 10 avril, la justice ukrainienne a affirmé que 1 222 personnes avaient été tuées dans la région de Kiev depuis le 24 février, sans préciser s'il s'agissait uniquement de civils.

Les images de vingt cadavres vêtus de vêtements civils dans une rue − l'un les mains liées dans le dos − à Boutcha, dans le nord-ouest de Kiev, ont fait le tour du monde, les autorités ukrainiennes dénonçant un «crime de guerre» de l'armée russe.

Le Kremlin, de son côté, assure qu'il s'agit d'une «mise en scène» orchestrée par les Ukrainiens et destinée à lui nuire.

Le 8 avril, le président français Emmanuel Macron a affirmé que la France était en train de «rassembler les preuves» contre «des crimes de guerre des Russes» en Ukraine.

Il avait alors annoncé l'envoi de gendarmes et magistrats français dans le pays.