Le Front Polisario, front politique armé qui lutte pour l'indépendance du Sahara occidental, a annoncé le 10 avril «rompre» ses liens avec l'Espagne, après que Madrid a adopté la position marocaine sur le statut de l'ancienne colonie espagnole. Alors que Rabat milite en faveur d'un statut d'autonomie sous souveraineté marocaine, le Polisario exige la tenue d'un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU.
«Le Front Polisario décide de rompre ses contacts avec le gouvernement espagnol actuel afin qu'il se dissocie de l'instrumentalisation de la question sahraouie dans le cadre du marchandage lamentable avec l'occupant [marocain]», explique le mouvement indépendantiste dans un communiqué repris par l'AFP.
Le Polisario précise que cette rupture persistera tant que le gouvernement espagnol «se conforme[ra] aux décisions de la légalité internationale, laquelle légalité internationale reconnaît au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination et au respect des frontières de son pays, internationalement reconnues».
Le 18 mars dernier, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares a annoncé à Barcelone que l'Espagne «considère l'initiative d'autonomie présentée en 2007» par le Maroc, comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend» entre Rabat et le Polisario. Madrid rompt ainsi avec sa neutralité sur ce dossier. Face aux critiques émanant notamment du Parlement, le gouvernement espagnol a expliqué n'avoir pas changé de position, mais seulement fait «un pas supplémentaire» vers Rabat.
La question du statut de ce territoire oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis dont la revendication d'indépendance est soutenue par l'Algérie. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination qui est prévu par l'ONU. La résolution du Conseil de sécurité de 1991 stipulait la tenue du référendum l'année suivante. Ce vote n'a, depuis lors, pas été organisé en raison de désaccords sur la composition des listes électorales.