Budapest a appelé le 5 avril à «ne pas punir les électeurs hongrois» qui ont permis le 3 avril une nouvelle victoire du dirigeant souverainiste Viktor Orban, après le lancement d'une procédure permettant de suspendre le versement de fonds européens.
«Bruxelles commet une erreur», a réagi Gergely Gulyas, le chef de cabinet de Viktor Orban. «Les règles de base de la démocratie doivent être acceptées par la Commission», a-t-il ajouté, avant d’exhorter l'UE à «revenir au bon sens et au dialogue» et à ne pas sanctionner le peuple hongrois «pour ne pas avoir exprimé une opinion au goût de Bruxelles lors des élections [législatives]», largement remportées par le parti au pouvoir.
Régulièrement accusé par l'UE de commettre des atteintes à l'Etat de droit, Viktor Orban avait attaqué, dans son discours de victoire, les «bureaucrates de Bruxelles».
Le 5 avril, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé l'activation contre Budapest d'un mécanisme de «conditionnalité», visant à priver de fonds un pays où sont constatées des violations de l'Etat de droit. L'annonce a été accueillie par des applaudissements au Parlement européen.
Le commissaire européen au Budget, Johannes Hahn, «a parlé aujourd'hui [le 5 avril] avec les autorités hongroises et les a informées que nous allions maintenant envoyer la lettre de mise en demeure pour activer le mécanisme. Cela déclenche une procédure comportant des échéances précises», a déclaré Ursula von der Leyen au Parlement européen. Elle n'a pas précisé quel était le contenu de cette lettre. Néanmoins, dans un précédent courrier envoyé en novembre à Budapest, la Commission avait exprimé ses inquiétudes à propos de problèmes de passation de marchés publics, de conflits d'intérêts et de corruption.
La Hongrie n'a en effet toujours pas reçu les 7,2 milliards d'euros du plan de relance post-Covid ; Bruxelles évoque des problèmes de passation de marchés publics, de conflits d'intérêts et de corruption. Budapest a pour sa part réagi en rétorquant qu'il s’agissait d'une «décision politique», contestant les «abus de pouvoir [de] l'élite bureaucratique [contre] le peuple hongrois». Une éventuelle suspension ou une réduction des paiements doit être endossée par au moins 15 États membres sur 27, et un telle procédure devrait prendre entre six et neuf mois.
La Cour de justice de l'UE a confirmé la légalité de ce règlement mi-février, en rejetant les recours en annulation de la Hongrie et la Pologne. Le Parlement européen pressait depuis des mois la Commission d'activer ce mécanisme, mais cette dernière avait décidé d'attendre le feu vert de la Cour avant d'agir.