Durant son discours annuel sur l'état de la nation le 12 février, Viktor Orban a appelé l'Union européenne à faire preuve de tolérance à l'égard de la politique intérieure de son pays, sans quoi il a estimé qu'il serait impossible «de trouver une voie commune».
En effet, comme le rapporte l'agence de presse allemande DPA, le Premier ministre hongrois a expliqué ne pas vouloir «devenir comme l'Europe occidentale», soulignant par ailleurs que son pays ne s'attendait pas à ce que l'Occident adopte les politiques hongroises en matière d'asile ou de famille.
«Pour eux, l'Etat de droit est un moyen par lequel ils veulent nous pétrir en quelque chose qui leur ressemble», a considéré Viktor Orban, imputant à l'UE une «une guerre sainte [ou encore] un djihad» en faveur de l'Etat de droit, à l'origine d'une «aliénation culturelle croissante». Face cette situation, Budapest aurait selon lui à plusieurs reprises fait des «offres de tolérance» à Bruxelles comme à Berlin.
Ces propos du dirigeant hongrois surviennent quelques jours avant que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) ne se prononce au Luxembourg sur le nouveau mécanisme d'Etat de droit de l'UE, qui devrait notamment conditionner l'accès aux fonds du budget commun de l'UE au respect de l'Etat de droit.
L'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne est soutenue par près de 80% de la population, souligne DPA, qui rappelle que Viktor Orban, bien qu'ayant attaqué à plusieurs reprises les «bureaucrates de Bruxelles», s'est toujours retenu de menacer de quitter l'Union.
Relations complexes entre Budapest et Bruxelles
Budapest et les institutions européennes s'affrontent régulièrement sur les questions du respect de l'Etat de droit en Hongrie ainsi que sur celle des droits des minorités sexuelles et des migrants.
Le 19 novembre 2021 par exemple, la Commission européenne a envoyé une lettre à la Hongrie, brandissant la menace de l'éventuel déclenchement du mécanisme qui permet de suspendre le versement de fonds européens en cas de violations de l'Etat de droit.
Dans le même registre, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait rendu le 16 novembre dernier un arrêt condamnant la Hongrie pour sa législation qui fait du soutien aux demandeurs d'asile une infraction pénale. Malgré le jugement de la CJUE, le gouvernement hongrois avait déclaré se réserver le droit de lutter contre les ONG favorisant l'immigration.
Autre source de tensions, le Parlement hongrois a adopté en juin des amendements législatifs interdisant la promotion et la représentation de l'homosexualité et du changement de sexe auprès des moins de 18 ans.