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Nouvelle étude : la vaste couverture médiatique des fusillades contribue à leur multiplication

Meurtres de masse et fusillades dans les écoles s’avèrent «contagieux», d’après une nouvelle étude publiée aux Etats-Unis. Les incidents de la sorte font augmenter la probabilité que ce type d’acte se répète dans les semaines suivantes.

De 20 à 30% de toutes les fusillades semblent être reproduites de cas similaires ayant eu lieu antérieurement, a découvert une équipe de chercheurs américains. La période de «contagion» la plus sensible dure environ 13 jours, d’après leur étude publiée dans le journal PLOS ONE.

«L’attention des médias portée sur une certaine actualité sert de vecteur qui influence les personnes les plus vulnérables», qui, une fois «infectées» par ces informations, sont ensuite plus enclines à commettre elles aussi un attentat, a expliqué à CNN Sherry Towers, professeur à l’Université d’Arizona (Etats-Unis) et auteur principal du nouveau rapport. Parmi ces personnes vulnérables se trouvent ceux qui ont un accès régulier aux armes et ont de possibles troupes mentaux, a précisé la scientifique.

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Les chercheurs pointent aussi du doigt l’accessibilité générale des armes à feu aux Etats-Unis comme un des facteurs les plus importants dans l’augmentation du niveau des violences. Le nombre d’incidents dans les Etats américains où les lois sont plus laxistes à cet égard dépasse significativement celui des autres Etats, indique le rapport.

«Le vrai problème aux Etats-Unis, c’est les armes à feu qui se retrouvent en possession de mauvaises personnes», a regretté Jack Levin, un criminologue dans l’Université Northeastern. Le chercheur a toutefois noté que ce n’est pas la seule origine de cette tendance.

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«C’est l’excès d’attention médiatique qui crée le phénomène d’imitation. Nous faisons des célébrités des monstres», a-t-il noté, en rappelant que les assassins font les couvertures des journaux, figurent sur des cartes à échanger et sont même déclinés en produits dérivés comme par exemple en figurines articulées.

Cependant, la couverture médiatique n’a pas que des effets négatifs sur le niveau de criminalité, a noté Katherine Newman, recteur-adjoint de l’Université du Massachusetts d'Amherst.

«Alors qu’il y a bien une hausse des fusillades suite à un incident de ce type, il est normalement suivi aussi d’une hausse des signalements d’activités criminelles», a confié la responsable, qui ne faisait pas partie de l’équipe de chercheurs mais qui a elle aussi écrit un ouvrage sur le sujet. «Les citoyens deviennent plus vigilants et prêts à signaler ce qui leur semble suspect», a-t-elle déclaré à CNN.

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Les armes à feu ont causé la mort de plus de 400 000 personnes entre 2001 et 2013 aux Etats-Unis, d’après les statistiques du site Mass Shooting Tracker. 142 institutions américains d’enseignement ont connu des fusillades au sein de leurs établissements ne serait-ce que ces trois dernières années.