Située dans le sud-est de l'Ukraine, la ville de Marioupol fait l'objet d'une offensive menée depuis plusieurs jours par la Russie. L'opération est cruciale dans le cadre de l'avancée de l'armée russe en Ukraine car elle pourrait lui permettre de prendre le contrôle d'un port stratégique. Pour rappel, Moscou et Kiev se préparent à un troisième round de négociations durant le week-end.
Une opération d'évacuation avortée
Alors que du fait des combats prolongés qu'implique cette offensive une évacuation des civils était envisagée par les deux parties, la municipalité de Marioupol a annoncé le 5 mars sur Telegram que l'évacuation des civils devrait être «reportée pour des raisons de sécurité», assurant que les forces russes «continu[ai]ent de bombarder [la ville] et ses environs».
La municipalité a appelé les civils qui s'étaient rassemblés aux points de sortie de la ville de «regagner des abris».
«Des négociations sont en cours avec la Russie pour établir un [cessez-le-feu] et assurer la mise en place d'un couloir humanitaire», a-t-elle ajouté.
Moscou accuse «les nationalistes ukrainiens» de ne pas laisser les civils partir
Côté russe on avait confirmé le cessez-le-feu dans la matinée pour permettre aux habitants de Marioupol et de Volnovakha (qui se trouve à 60 km au nord) de quitter les lieux. Le ministère russe de la Défense a ainsi précisé que les voies de sorties avaient été convenues avec la partie ukrainienne, conformément à un accord conclu deux jours plus tôt entre négociateurs ukrainiens et russes.
Mais, selon le ministère russe, «personne n’est arrivé dans les couloirs humanitaires ouverts [et] les nationalistes ne laissent pas sortir les civils et les étrangers». Des résultats de surveillance par drone auraient, toujours selon le ministère, établi qu'aucun convoi humanitaire n'aurait été formé dans les deux villes, et que les «troupes ukrainiennes et les bataillons nationaux [volontaires ukrainiens]» auraient profité du cessez-le-feu pour se regrouper dans des «positions défensives».
Lors d'une conférence de presse avec son homologue kirghize le 5 mars, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait un point sur les couloirs humanitaires d'autres zones. Il a déclaré que «les autorités ukrainiennes [avaie]nt refusé» d'ouvrir un couloir à Kharkov (nord-est du pays). «À Kharkov, nos militaires étaient prêts à en laisser passer un grand nombre, y compris des étudiants étrangers», a-t-il affirmé.
Quant au couloir de Marioupol, le chef de la diplomatie russe a déclaré que les «réseaux sociaux [avaient] rapporté» que les autorités locales refusaient d’autoriser les habitants à sortir. Il a ajouté que les autorités de la ville de Kherson (sud du pays) «[avaie]nt refusé d’accepter de l’aide».
La Défense russe assure qu'elle ne vise pas les civils ou les zones d'habitation mais se borne à des frappes ciblées sur les infrastructures militaires. Vladimir Poutine impute en outre aux «nationalistes ukrainiens» des crimes de guerre, les accusant de se servir de la population comme boucliers humains.
Des civils piégés sous les décombres d'une maison ?
Le 5 mars également, le président de la République populaire autoproclamée de Donetsk Denis Pouchiline a pour sa part affirmé que des combattants du «groupe Azov [combattants néonazis incorporés à la garde nationale ukrainienne]» avaient «actionné des engins explosifs disposés à l'avance» et que ces derniers auraient entraîné la destruction d'un bâtiment dans la ville de Marioupol.
Denis Pouchiline a assuré qu'une telle opération avait piégé dans le sous-sol, sous les décombres, jusqu'à «200 personnes dont la plupart sont des femmes et des enfants». Il a appelé les autorités de Marioupol à porter assistance à la population civile.