Dans son nouveau rapport publié mardi, l’organisation qui défend les droits de l’homme annonce que les conséquences néfastes des accidents sur les installations de Shell ne sont toujours pas prises en compte dans le delta du Niger. Les responsables d’Amnesty qui se sont déplacés dans la région ont constaté que «le sol aux environs du village de Kegbara Dere est toujours souillé de taches de pétrole». Cependant, la société a affirmé qu’elle avait nettoyé cette zone deux fois après un déversement qui a eu lieu en 1970, puis une autre fois, après qu’une enquête de l’ONU en 2011 avait découvert que cet endroit était contaminé massivement.
D’après un sous-traitant qui a participé aux derniers travaux de nettoyage, cet effort, de la part de Shell n’a été en réalité qu’un camouflage.
«C’était tout simplement de la poudre aux yeux», a déclaré cette source anonyme à Amnesty. «Nous avons creusé le sol, puis nous l’avons remué pour le remettre en place», a-t-il raconté. Il a aussi expliqué que ces travaux ont permis au pétrole de s’évaporer des couches supérieures des sols affectés, mais la quantité majeure du produit déversé est resté en profondeur et, rien n'a été fait pour l'empêcher de ressortir en surface.
Pour l’ONG, Shell Nigeria n’utilise pas les mêmes standards de qualité que sa société mère européenne. Le rapport dénonce également «l’incapacité quasiment absolue» du gouvernement nigérian, le propriétaire principal de la société, de régulariser l’industrie pétrolière et de protéger les droits de son peuple.
De son côté, Shell Nigeria rejette les conclusions de l’enquête d’Amnesty International, en soulignant qu’il restait «préoccupé à nettoyer tous les déversements» sur ses installations.
En 1993, un mouvement de protestation provenant de la population du delta de Niger, plus précisément de la région d’Ogoniland, a forcé Shell à arrêter de forer du pétrole dans la région. En 2015, les habitants d’un des villages de la région de Bodo ont gagné une bataille judiciaire contre la compagnie et obtenu une compensation de 55 millions de livres sterling (77 millions d’euros) pour les dommages subis par leur communauté depuis le début des opérations de Shell.
Néanmoins, d’après les témoignages des habitants qui ont parlé à Amnesty, la société possède toujours des pipelines et des puits dans cette région qui continuent à dégorger toujours plus de pétrole.