La police canadienne a annoncé ce 18 février avoir lancé une opération d'envergure pour libérer les rues de la capitale Ottawa paralysée depuis bientôt trois semaines par des manifestants opposés aux mesures sanitaires.
Les policiers, qui se sont déployés en masse dans les rues de la capitale fédérale, ont commencé vendredi après 8h à procéder à des arrestations, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Dans un tweet, la police conseillait de nouveau «aux manifestants de partir immédiatement» et leur demandait de rester «pacifiques».
La police a diffusé un message s'adressant directement eux, précisant qu'elle tient à les aviser «qu'en vertu des lois provinciales et fédérales», les contrevenants s'exposent «à de graves sanctions», les enjoignant à quitter pacifiquement, avec leurs véhicules et leurs biens, «les sites de manifestations illégales».
La police canadienne a annoncé avoir interpellé 70 manifestants dans cette opération.
«A 15h, nous avons interpellé 70 personnes accusées de multiples infractions», a déclaré le chef par intérim de la police Steve Bell. Il a ajouté que cette opération, qui se déroulait «comme prévu», prendrait «du temps».
La veille, pour la première fois, la police s'était déployée en masse dans le centre-ville et y avait érigé un périmètre de sécurité plaçant une centaine de barrages pour contrôler les entrées dans la zone.
Tamara Lich, qui est à l'origine du Convoi de la liberté, est accusée d'avoir incité à «commettre une infraction». Quant à Christopher Barber, il est accusé des mêmes faits, ainsi que d'avoir incité à désobéir à un ordre judiciaire et à entraver le travail de la police.
Minimisé au départ par les autorités, le mouvement de contestation canadien qui a débuté fin janvier est parti de chauffeurs routiers protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.
Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau. Ce dernier a dit jeudi que cette contestation n'avait plus rien de «pacifique».
Maxime Bernier, membre de l'opposition et chef du Parti populaire du Canada a dénoncé sur Twitter l'action de la police en ces termes : «On s’en souviendra comme l’un des jours les plus sombres de notre histoire et notre démocratie.»
Le Parlement fédéral est fermé par les autorités ce 18 février
Pour la première fois depuis le début de cette contestation qui se déroule sous les fenêtres du Parlement fédéral, ce dernier est resté fermé ce 18 février. «La séance d'aujourd'hui est annulée» pour des raisons de sécurité, a annoncé tôt Anthony Rota, le président de la Chambre des communes.
«Si vous n'êtes pas (déjà) présents dans les locaux de la Chambre des communes, restez à l'écart du centre-ville jusqu'à nouvel ordre. Si vous êtes déjà au sein des bâtiments, veuillez demeurer à l'intérieur de l'édifice et attendre les instructions», a encore précisé Anthony Rota. Les députés devaient débattre de l'adoption de la loi sur les mesures d'urgence de 7h à minuit.
La chambre examine depuis le 17 février la mise en œuvre de la loi sur les mesures d'urgence invoquée lundi par Justin Trudeau pour mettre un terme aux blocages dénoncés par les autorités comme «illégaux», toujours en cours dans le pays.
C'est seulement la deuxième fois que cette disposition est utilisée en temps de paix, la dernière fois remontant à la crise de 1970 quand Pierre Elliott Trudeau, le père de l'actuel Premier ministre, était au pouvoir. Elle est très contestée par l'opposition conservatrice.
Qualifiant la situation de «précaire», le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a estimé jeudi que «les blocus illégaux aux frontières» avaient coûté des milliards de dollars à l'économie canadienne.
Le blocage d'axes frontaliers avec les Etats-Unis par les manifestants pendant plusieurs jours a notamment lourdement pesé et poussé Washington à intervenir auprès du gouvernement de Justin Trudeau.
La ville d'Ottawa, la province de l'Ontario et le Canada dans son ensemble ont été placés en état d'urgence en raison de ce mouvement de contestation sans précédent.