«On ne peut pas rester comme cela [...] Nous avons engagé des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens pour savoir comment on peut adapter notre dispositif en fonction de la nouvelle situation [au Mali]», a déclaré le 28 janvier, sur la radio RTL, Jean-Yves Le Drian, reprochant notamment aux militaires au pouvoir de manquer de légitimité.
«C'est la junte [...] qui [a] pris le pouvoir et qui [a] fait un double coup d'Etat depuis août 2020 qui est illégitime», a en effet déclaré le chef de la diplomatie française, reprochant au gouvernement malien sa volonté de reporter l'organisation des élections au nom de considérations sécuritaires. Il a ainsi dénoncé «une véritable fuite en avant de la junte qui n'est pas acceptable».
«Il y a un autre aspect très préoccupant, [c'est] la rupture du cadre militaire, on voit le Mali faire appel à une milice privée russe proche de Poutine qui se sert directement sur les ressources propres du Mali», a encore déclaré Jean-Yves Le Drian en dépit d'un récent démenti de Bamako concernant un déploiement de la société de sécurité privée Wagner. En décembre dernier, le ministère russe des Affaires étrangères avait accusé les Occidentaux «d'hystérie» à ce sujet, rappelant en outre que «les entreprises militaires privées ne sont pas contrôlées par les autorités [russes]».
Le ministre français des Affaires étrangères a par ailleurs assuré, lors de son interview du 28 janvier, que les forces françaises et européennes examinaient comment «adapter leur dispositif» de lutte antidjihadiste dans la région.
La France a déjà réarticulé son dispositif en 2021 au Mali, en réduisant sa présence militaire dans le nord et en mettant en avant le groupement de forces spéciales de l'Union européenne Takouba.
Tensions au plus fort entre Paris et Bamako
Les tensions se sont récemment encore accrues entre Paris et Bamako. Le 26 janvier, le ministre et porte-parole du gouvernement malien Abdoulaye Maïga a ainsi donné pour «conseil» de se taire à la ministre française des Armées Florence Parly, après que celle-ci a accusé Bamako de multiplier les «provocations».
Pour rappel, les relations entre Paris et Bamako se sont détériorées depuis que les militaires au pouvoir ont décidé de repousser la date prévue des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali. Ils ont fait valoir qu'il était actuellement impossible d'appeler les Maliens aux urnes du fait de l'insécurité persistante sur un territoire, dont les deux tiers échappent au contrôle des autorités. Les militaires au pouvoir réclament le temps de mener à bien des réformes essentielles selon elles et d'organiser des élections incontestables. Outre la France, la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) a réagi à cette décision, en infligeant de sévères sanctions au Mali.