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L'OTAN s'approche de la «ligne rouge», avertit le Kremlin

Dans un entretien sur CNN, Dmitri Peskov a souligné que le soutien militaire apporté par l'Alliance atlantique à l'Ukraine constituait une «menace imminente», tant pour la Russie que pour la sécurité de l'ensemble du continent européen.

Dans une interview donnée à CNN et diffusée le 16 janvier, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait le point sur les tensions entre l'Occident et la Russie autour du dossier ukrainien. Selon lui, le bilan des négociations récentes est décevant, car les deux parties restent sur des positions «totalement divergentes» malgré une semaine d'intense diplomatie.

Dmitri Peskov a estimé que l'OTAN se livrait à une «invasion progressive» en Ukraine, ce qui amène le bloc dirigé par les États-Unis à proximité de la «ligne rouge» fixée par Moscou. En rejetant les demandes de la Russie, l'OTAN crée une situation qui constitue une «menace imminente» pour la sécurité européenne, a diagnostiqué Dmitri Peskov.

«Tout a commencé au début des années 90», a rappelé le porte-parole, en évoquant les promesses de l'Occident de ne pas élargir l'OTAN à l'Est. Des promesses qui n'ont jamais été «fixées de manière juridiquement contraignante», et qui n'ont pas été honorées, avec l'absorption progressive de plusieurs pays anciennement membres du Pacte de Varsovie, jusqu'aux frontières de la Fédération de Russie. Un point sur lequel était déjà revenu l'ancien dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, en dénonçant l'«arrogance» américaine qui caractérisait selon lui cette période.

Qualifiant l'OTAN d'«arme de confrontation» et non de paix, Dmitri Peskov a insisté sur la menace que constitue cette extension de l'Alliance Atlantique, non seulement pour la Russie mais également pour l'ensemble de «l'architecture de la sécurité européenne». En observant, à propos du cas ukrainien, qu'«au début, il n'y avait que des mots», le porte-parole du Kremlin a constaté qu'«avec le temps, nous avons assisté à l'invasion progressive de l'OTAN sur le territoire ukrainien», sous la forme selon lui de l'envoi d'instructeurs militaires et d'armes, tant défensives qu'offensives.

Peskov milite pour une «sortie» de crise, mais réclame des «garanties»

Ce sont ces circonstances, que Moscou «ne pouvait plus tolérer», qui ont incité la Fédération de Russie à présenter une série de propositions visant à améliorer la sécurité collective, dont l'arrêt de l'extension de l'OTAN, ainsi qu'une limitation des déploiements militaires à ses frontières. Ces propositions ont été rejetées par l'Occident, a regretté Dmitri Peskov, selon qui les tensions risquent de s'intensifier tant qu'un compromis n'a pas été trouvé.

«Trouvons une sortie, trouvons des garanties», a ajouté le porte-parole, en demandant à nouveau un engagement à ce que l'Ukraine ne rejoigne pas l'Alliance atlantique. «Personne ne menace personne de mener une action militaire», a par ailleurs assuré Dmitri Peskov, interrogé sur une possible offensive russe en cas d'échec de la diplomatie, estimant que «ce serait une folie». «Mais nous serons prêts à mener des représailles» si l'OTAN n'accepte pas les demandes russes, a-t-il prévenu.

Les tensions à propos de la situation en Ukraine restent vives, les Etats-Unis ayant à nouveau accusé la Russie de préparer une invasion militaire du pays, y compris à travers des actes de sabotage. Une invasion qui pourrait commencer entre la mi-janvier et la mi-février, a même précisé la Maison blanche. «Ces déclarations étaient dénuées de preuves et n'ont été confirmées par rien», avait alors réagi Dmitri Peskov. De son côté, l'Ukraine a affirmé le 16 janvier qu'elle disposait de «preuves» de l'implication de la Russie dans une cyberattaque d'ampleur ayant visé plusieurs sites gouvernementaux la semaine précédente. Une accusation démentie par Moscou.