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Jordanie : un débat au Parlement sur l'égalité hommes-femmes tourne au pugilat (VIDEO)

Une bagarre a éclaté au cours d'une session du Parlement jordanien consacrée à la discussion d'un projet d'amendement à la constitution proposé par le gouvernement, poussant le président à ajourner la session.

Les esprits se sont échauffés et des députés jordaniens en sont venus aux mains ce 28 décembre lors d'un débat ayant trait à l'égalité hommes-femmes dans le cadre d'une réforme constitutionnelle. La bagarre a entraîné une interruption de séance.

Le gouvernement souhaite amender la Constitution, et notamment ajouter la mention «Jordaniennes» dans le chapitre II du texte fondamental intitulé «droits et devoirs des Jordaniens» qui porte notamment sur l'égalité des droits des citoyens.

Plusieurs députés se sont opposés à cette modification, la jugeant «inutile», selon la chaîne al-Mamlaka qui a retransmis la session. Se sont ensuivis des échanges houleux entre les députés, et entre certains d'entre eux et le président du Parlement  Abdelkarim al-Daghmi.

«C'est "eib"» [un déshonneur], a déclaré notamment l'un d'eux, Raed Smeirat qui estimait notamment que l'emploi du terme «jordanien» ou «jordanienne» était anecdotique. Le député a immédiatement provoqué la vive colère du chef du Parlement qui lui a coupé la parole et réclamé des excuses. Le député s'est immédiatement excusé d'avoir prononcé ce mot mais cela n'a pas tempéré la colère du président de l'Assemblée, qui lui a rétorqué que de telles paroles n'avaient pas droit de cité au sein de l'hémicycle. 

La situation s'est également tendue entre Abdelkarim al-Daghmi et un autre élu, Suleiman Abou Yahya, accusé par le président de l'assemblée de jeter de «l'huile sur le feu». Celui-ci avait demandé au chef de l'assemblée d'ajourner la session, mais Abdelkarim al-Daghmi a refusé dans un premier temps, s'attirant un «Tu ne comprends rien toi !» de la part de son interlocuteur.

Le chef du Parlement lui a alors demandé de quitter la salle. «Tais-toi et sors», lui a-t-il dit, avant qu'une bagarre éclate entre plusieurs députés, dont Abou Yahya, selon des images diffusées en direct, alors que Abdelkarim al-Daghmi quittait l'assemblée.

La session a finalement été reportée au 29 décembre. Parmi les autres amendements constitutionnels qui doivent être débattus, figurent la création d'un «Conseil de sécurité nationale», la réduction du mandat du chef du Parlement pour le faire passer de deux ans à une seule année. La Constitution, promulguée en 1952 par le grand-père du roi Abdallah II, a déjà été amendée 29 fois, les modifications passées ayant donné selon des experts davantage de pouvoirs au roi au détriment de la législature.