«Le monde est plein d'écologistes bobos et extrémistes : ils sont pires que la catastrophe climatique elle-même» : ce sont les mots de Roberto Cingolani, ministre italien de la Transition écologique, rapportés par Les Echos le 23 décembre.
Se définissant volontiers comme pragmatique et volontaire pour conduire une véritable «révolution verte» dans la péninsule italienne, Roberto Cingolani a notamment décidé de lever le tabou au sujet de l’énergie nucléaire, une technologie abandonnée en Italie depuis la catastrophe de Tchernobyl. Fait singulier, le rejet avait été exprimé par un référendum tenu quelques mois plus tard et entraînant la fermeture des quatre réacteurs du pays.
Plaidant pour que le gouvernement de Mario Draghi investisse dans la fusion nucléaire grâce au plan de relance européen, il a notamment souligné que «des pays sont en train d’investir dans cette technologie». «Elle n'est pas encore mature mais elle le sera bientôt. Si à un certain moment, on peut garantir que les déchets radioactifs sont peu nombreux, la sécurité élevée et les coûts bas, ce serait une folie de ne pas l’envisager», a notamment plaidé le ministre.
Dénuée de souveraineté énergétique, l’Italie importe 80% de son électricité
L’Italie est par ailleurs dépendante de la France pour son électricité, une situation dénoncée dans Les Echos par Marco Ricotti, ingénieur et ancien membre de l’Agenzia per la sicurezza nucleare (Agence pour la sécurité nucléaire) : «C'est une vaste hypocrisie, car nous dépendons toujours d'elle et en particulier de la France pour notre approvisionnement.» 80% de l’électricité que l’Italie consomme est importée, faisant de la péninsule le deuxième importateur d’électricité au monde. «70 % de notre électricité achetée à l'étranger provient de l'Hexagone, soit l'équivalent de quatre réacteurs qui travailleraient à plein temps pour satisfaire nos besoins énergétiques», a souligné Marco Ricotti.
Une problématique qui inquiète également Giancarlo Giorgetti, le ministre italien du Développement économique. Faute de souveraineté énergétique, l’Italie est exposée aux problèmes d’approvisionnement mais aussi de flambée des prix. «Un blackout énergétique en Europe n'est pas à exclure, un plan pour l'éviter doit être défini au plus vite et le recours au nucléaire propre doit être envisagé sans a priori», s’est alarmé Giancarlo Giorgetti, cité également par Les Echos.
Les écologistes italiens vent debout contre le nucléaire
Mais les écologistes italiens se montrent peu sensibles aux arguments susmentionnés. Le directeur de Greenpeace Italia, Giuseppe Onufrio, a qualifié cette vision «d’ancien régime énergétique». Croyant en une «crise du nucléaire», il la raille comme une «technologie du passé» entretenue par des lobbies qui auraient «peur de perdre leur monopole et d'affronter le marché véritablement compétitif des énergies renouvelables».
Silvio Berlusconi avait été le premier chef du gouvernement italien à avoir tenté de renouer avec l’énergie nucléaire. En 2009, il Cavaliere avait ainsi conclu un accord avec la France pour la construction de quatre EPR, projet avorté par la catastrophe de Fukushima en 2011 et la tenue d’un nouveau référendum qui signa l’abandon définitif du nucléaire italien.