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La Pologne accuse l'Allemagne de vouloir construire un «IVe Reich» fédéraliste en Europe

Le vice-Premier ministre polonais, Jaroslaw Kaczynski, estime que Berlin tente d'imposer un «IVe Reich allemand» au sein de l'Union européenne. Pour lui, le terme n'a rien de négatif étant donné qu'il ne se réfère pas au IIIe Reich dans son esprit.

Le chef de file du pouvoir polonais de droite nationale Jaroslaw Kaczynski a accusé l'Allemagne de tenter de transformer l'Union européenne en un «IVe Reich allemand» fédéraliste, dans une interview publiée le 24 décembre. Il est des pays qui «ne sont pas enthousiastes à la perspective de bâtir un IVe Reich allemand sur la base de l'UE», a déclaré le président du parti Droit et Justice (PiS), au quotidien polonais GPC.

Selon Jaroslaw Kaczynski, qui est aussi vice-Premier ministre chargé de la Sécurité nationale, le terme du IVe Reich allemand «n'a rien de négatif, ne s'agissant pas du IIIe Reich mais du premier», donc du Saint-Empire romain germanique. Lors de la récente visite du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz en Pologne, son homologue polonais a qualifié  d'«utopique et donc dangereux», le soutien du gouvernement de coalition allemand à un plus grand fédéralisme de l'Union européenne.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a rappelé à l'occasion le concept d'une «Europe des nations souveraines», défendu par le pouvoir polonais. Selon son vice-Premier ministre Kaczynski, considéré généralement comme «le cerveau» de tout changement important en Pologne, «si nous, Polonais, étions d'accord à une telle soumission moderne on serait dégradés de différentes manières». Et d'attaquer la Cour de justice de l'UE (CJUE) qui, selon lui, est «l'instrument de base utilisé» pour imposer les idées fédéralisatrices. La CJUE «peut interpréter le droit européen et en tirer des conclusions carrément usurpatrices. Et elle le fait», a estimé Jaroslaw Kaczynski.

Bruxelles est engagé dans un long et profond bras de fer avec Varsovie notamment à propos des réformes judiciaires lancées par le PiS au pouvoir depuis 2015. Ces réformes, accusées de saper l'indépendance des juges, ont valu à la Pologne plusieurs condamnations par la CJUE. Sous l'influence du pouvoir en place, le tribunal constitutionnel polonais a déjà contesté en juin l'autorité de la Cour de justice de l'UE, et, en octobre, a remis en question la primauté du droit européen sur le droit polonais.

Le 22 décembre, Bruxelles a lancé une procédure d'infraction contre la Pologne à la suite de ces arrêts du tribunal constitutionnel, soulignant que ce dernier «ne répondait plus aux exigences d'un tribunal indépendant et impartial établi par la loi, comme l'exige le traité».