Secteur particulièrement touché par la pandémie de Covid-19, le transport aérien s'inquiète de l'impact de la 5G (cinquième génération de technologie de communication mobile, plus rapide que les précédentes) sur le bon déroulement des vols.
Comme l'a rapporté Bloomberg, les acteurs de l'aviation ont alerté les autorités américaines sur le fait que l'utilisation du réseau 5G, en raison de sa fréquence très proche de celles des altimètres des avions, risquait de perturber les manœuvres, notamment par mauvais temps. Ce qui pourrait entraîner retards et annulations en cascade : dans ses projections les plus pessimistes, l'association professionnelle Airlines for America estime à au moins 350 000 par an les vols pouvant être perturbés par le seul fait de l'utilisation du réseau 5G.
L'avionneur européen Airbus a confirmé le 21 décembre à l'AFP que «le directeur général d'Airbus Americas, Jeff Knittel, et le PDG de Boeing, David Calhoun, ont cosigné une lettre adressée au secrétaire aux Transports américain Pete Buttigieg, détaillant les inquiétudes partagées du secteur de l'aviation sur le déploiement de la 5G aux Etats-Unis».
Les deux entreprises travaillent, avec d'autres acteurs du secteur aéronautique aux Etats-Unis, à «comprendre les interférences potentielles de la 5G avec les radioaltimètres», a indiqué le porte-parole d'Airbus. Cette lettre renforce la pression sur les régulateurs américains dans un dossier qui oppose le secteur aérien aux opérateurs de téléphonie mobile.
«La 5G fonctionne de façon sécurisée», selon les opérateurs de télécommunications
Ces alertes ont été jugées infondées par les professionnels de la téléphonie : «L'industrie de l'aviation entretient une culture de la peur basée sur des informations infondées, et des faits délibérément erronés. La 5G fonctionne de façon sécurisée, dans une quarantaine de pays dans le monde, et sans causer d'interférences qui pourraient être néfastes pour le domaine de l'aviation», a ainsi affirmé Nick Ludlum, l'un des vice-présidents de l'association américaine des entreprises de télécoms CTIA, dont les opérateurs AT&T et Verizon sont membres.
L'alerte des entreprises aériennes américaines fait écho, en France, à un avis de la Direction générale de l'aviation civile émis en février 2021. Celle-ci avait notamment recommandé l'extinction de tous les appareils disposant de la 5G à bord des avions, et indiqué avoir «cadré les conditions de mise en œuvre des antennes 5G sur le territoire afin de maîtriser ces risques d'interférence avec les systèmes embarqués lors des phases d'atterrissage sur les aéroports français».
L'administration avait alors assuré qu'«une surveillance des antennes déployées à proximité est mise en place en coordination étroite avec l'Agence nationale des fréquences (ANFR)». Les premières antennes ont été mises en service en France à partir de décembre 2020 : le 14 décembre, l'ANFR a publié un rapport indiquant que l'exposition du public aux ondes électromagnétiques était restée à un niveau «comparable» après la mise en service du réseau 5G, entre 2020 et 2021. Les mesures doivent se poursuivre afin de surveiller l'évolution de l'exposition, l'ANFR tablant sur une augmentation du trafic au cours des années à venir.