Selon l'avocat des jeunes garçons, leur inculpation pour un tel motif est elle-même contraire à la loi turque. En outre, il n'y avait pas chez eux la préméditation d'insulter le président puisqu'ils ignoraient même que l'homme sur l'affiche était le président turc. Les enfants eux-mêmes disent avoir juste voulu vendre le papier ainsi récupéré.
Plus encore, selon un rapport psychologique des enfants, ceux-ci n'ont pas la capacité de discernement pour comprendre les conséquences de leur geste.
D'un simple point de vue juridique, déchirer l'affiche relève du régime de l'infraction mineure et devrait être dès lors soumise au régime du simple délit. De plus, la loi turque pose la majorité pénale à 15 ans. Pourtant, malgré ces faits, l'acte d'accusation a été déclaré recevable par un tribunal.
Offense au président
La loi qui punit l'offense au président date de 1926. Insulter le président de la Turquie est punissable par la loi de quatre ans de prison.
L'actuel président est accusé d'en abuser. Au cours des sept premiers mois de son mandat, 236 personnes ont fait l'objet d'une enquête. 105 ont été inculpées. Le président turc dispose à cet effet d'une équipe d'avocats qui déposent régulièrement des pliantes devant les tribunaux contre tous ceux qui portent une critique.
De plus, le pouvoir judiciaire a une interprétation large de la loi interdisant l'insulte au président. Même la critique occasionnel dans le cadre de la liberté d'expression est considéré comme une insulte.
Récemment encore c'était un adolescent de 14 ans qui a passé la nuit en prison pour insulte au président sur Facebook. En Janvier dernier, c'est une ex Miss Turquie, Merve Buyuksarac, qui a été arrêtée après avoir publié un poème satirique critiquant Erdogan.
Durcissement politique
La répression du gouvernement turc contre les médias de l'opposition gagne du terrain à la veille des élections législatives prévues le 1er novembre.
La Turquie a connu un certain nombre de manifestations anti-gouvernementales dans les derniers jours, dues au durcissement des autorités. La décision gouvernementale de faire cesser la diffusion de deux stations de télévision proche de l'opposition politique a ainsi mis le feu aux poudres. Deux journaux de l'opposition ont été également interdits de parution.