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La Russie appelle à débloquer «l'argent des Afghans» pour éviter une crise migratoire d'ampleur

L'émissaire russe en Afghanistan estime que si l'on veut éviter une grande vague migratoire dès cet hiver, l'occident doit absolument mettre fin au gel des avoirs du pays, mis en place pour protester contre la prise du pouvoir par les Taliban.

La Russie appelle les Occidentaux à lever les sanctions bancaires visant l'Afghanistan depuis le retour au pouvoir des Taliban, prédisant autrement une crise migratoire avec des centaines de milliers d'Afghans qui tenteraient de rejoindre l'Europe.

«Débloquons l'argent des Afghans. Il faut tout faire pour que des centaines de milliers de familles afghanes ne soient pas obligées de quitter le pays», a ainsi affirmé l'émissaire de la présidence russe pour l'Afghanistan, Zamir Kaboulov, dans une interview à l'agence de presse Ria-Novosti publiée ce 17 décembre. Selon lui, le fait que les banques afghanes soient coupées du réseau international SWIFT empêche «même les structures de l'ONU» d'envoyer de l'aide financière.  

«L'Occident a peur des flux migratoires. Mais nous lui disons qu'à cause des obstacles qu'il a lui-même inventés [...] il peut se retrouver avec une situation où au moins un dixième des 23 millions d'Afghans [ceux menacés de famine selon l'ONU] va fuir en Europe cet hiver», a affirmé Zamir Kaboulov.

L'Union européenne avait été déstabilisée en 2015 par un afflux migratoire sans précédent, des millions de Syriens, d'Afghans et d'Irakiens notamment fuyant la misère et la guerre dans leurs pays. Cet automne encore, l'Europe a été confrontée à une vague migratoire essayant de rejoindre l'UE via la Biélorussie.

Les Taliban sont revenus au pouvoir en Afghanistan à la mi-août à la faveur du chaotique retrait militaire des Occidentaux, après 20 ans de guerre. En conséquence, Washington a gelé près de 9,5 milliards de dollars (8 milliards d'euros) de la Banque centrale afghane. L'économie du pays, qui dépendait de l'aide internationale, s'est effondrée, avec des fonctionnaires privés de salaires depuis des mois et un Trésor public incapable de payer les importations. Les Etats-Unis, qui ne reconnaissent pas le gouvernement taliban, ont toutefois introduit des exceptions aux sanctions afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.