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Diplomates expulsés: l'ambassade de Russie en Allemagne dénonce une «démarche manifestement hostile»

L'Allemagne a annoncé l'expulsion de deux diplomates russes, après que le tribunal de Berlin a mis en cause les autorités russes dans le meurtre d'un Géorgien issu de la minorité tchétchène. La Russie voit dans ces décisions des actes politiques.

«De telles actions non motivées constituent une démarche manifestement hostile et ne resteront pas sans une réaction appropriée dans un proche avenir» : c'est en ces termes que l'ambassade de Russie en Allemagne a réagi, ce 15 décembre, à l'annonce de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, selon laquelle deux diplomates russes étaient «déclarés personae non gratae».

De même, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a déclaré que les «actions hostiles de Berlin ne rester[aient] pas sans une réponse adéquate». «Dans un proche avenir, une déclaration sera faite à cet égard», a-t-elle ajouté.

La justice allemande accuse la Russie d'avoir commandité un meurtre

L'annonce par la chef de la diplomatie allemande de l'expulsion de deux diplomates russes, fait suite à une décision de la justice allemande ce même jour. La cour de Berlin a reconnu un ressortissant russe, désigné sous le nom de Vadim Krasikov, coupable d'avoir tué par balles un Géorgien issu de la minorité tchétchène dans un parc de Berlin, le 23 août 2019. Elle a directement mis en cause les autorités russes qui, selon le président de la Cour, Olaf Arnoldi «ont donné l'ordre à l'accusé de liquider la victime». Le Géorgien en question était un ancien combattant séparatiste tchétchène, qui vivait depuis 2016 avec sa famille en Allemagne où il avait demandé l'asile.

Annalena Baerbock a jugé que ce meurtre constituait «une atteinte grave à la souveraineté de l'Etat» allemand.

De son côté, l'ambassadeur de Russie en Allemagne a déclaré dans un commentaire publié sur le site de l'ambassade, que la Russie considérait le verdict de la Cour de Berlin comme «une décision non objective et politisée qui dégrade sérieusement les relations russo-allemandes qui sont déjà difficiles». Et de détailler : «La thèse absurde de l'implication de la Fédération de Russie dans le crime a été méthodiquement imposée au public tout au long du procès, s’inscrivant dans le contexte antirusse général, mais n'a finalement pas été confirmée par des preuves convaincantes. Considérer comme telles les pseudo-enquêtes et les allégations non fondées des plateformes engagées Bellingcat et Insider, les témoignages plusieurs fois modifiés d'un "témoin" avec qui les services spéciaux ukrainiens avaient travaillé, et d'autres spéculations serait pour le moins étrange.» L'allégation de la justice allemande constitue, pour l'ambassadeur de Russie en Allemagne, «un acte d'hostilité évident» qui ne restera pas sans réponse. «De toute évidence, quelqu'un a intérêt à assombrir le dialogue entre la Russie et le nouveau gouvernement allemand», estime-t-il enfin.

L'affaire n'est pas nouvelle et empoisonne les relations bilatérales entre Berlin et Moscou, ayant déjà conduit à l'expulsion de diplomates russes et allemands. En juin 2020 déjà, le parquet fédéral allemand avait accusé les autorités russes d'avoir commandité cet assassinat ; l'ambassadeur de Russie en Allemagne avait alors dénoncé des accusations «sans fondement».