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Zemmour et Villiers en Arménie, «terre chrétienne» au «cœur de la guerre de civilisation»

Pour son premier déplacement à l'étranger en tant que candidat à l'élection présidentielle, Eric Zemmour se rend en Arménie. Il y est accompagné par son ami Philippe de Villiers, qui l'a récemment rallié.

«Il fait partie de mes meilleurs amis depuis 20 ans, 30 ans [...] on a côtoyé les mêmes, on a combattu les mêmes adversaires, on a perdu, on a gagné, on a 30 ans de combat en commun» : c'est ce qu'a expliqué Eric Zemmour ce 11 décembre à propos de Philippe de Villiers, venu le rejoindre à l'aéroport de Roissy pour l'accompagner durant quatre jours au cours d'un voyage en Arménie. Les deux amis, filmés lors de leur rencontre dans l'aérogare, se sont chaleureusement salués. 

«Je pars en Arménie avec mon ami Eric Zemmour pour adresser au peuple arménien un message d'espérance, ainsi qu'à tous les chrétiens d'Orient, aujourd'hui abandonnés par l'Occident qui perd le fil de sa civilisation. La petite flamme de la veille française brûle encore», a pour sa part écrit Philippe de Villiers sur les réseaux sociaux.

Ce voyage a été commenté par plusieurs observateurs qui y voient, à l'instar de l'eurodéputée macroniste Nathalie Loiseau, une «mise en scène» teintée d'«opportunisme». L'ancienne ministre chargée des Affaires européennes a en effet dénoncé sur Twitter l'«utilisation politicienne» de l'Arménie dont le peuple, selon elle, «mérite mieux que les petits calculs électoralistes d'Eric Zemmour».

Le 10 décembre, devant quelques journalistes réunis à son QG, Eric Zemmour a justifié ce choix de voyage par la volonté d’honorer «une vieille terre chrétienne», qu’il considère comme «le berceau de notre civilisation». «L’Europe a été fondée par le christianisme [et] sans le christianisme, il n’y a pas d’Europe et il n’y a pas de France», a-t-il notamment déclaré. L'Arménie pourra ainsi accessoirement servir de décor opportun pour Eric Zemmour dans son récit opposant la civilisation européenne, et donc française, à l’islam, qui selon lui n'est pas compatible avec les valeurs de son pays.

L’Arménie est en danger. 

Ce voyage s’inscrit dans le contexte d'un conflit sanglant ravivé à l'automne 2020 entre l’Azerbaïdjan, pays à majorité musulmane, et l’Arménie, dans le Haut-Karabagh, une région disputée par les deux pays. Les violences qui avaient éclaté avaient fait 6 500 morts en quelques semaines. Défaite, l'Arménie a été contrainte de signer un cessez-le-feu et de céder plusieurs régions azerbaïdjanaises qu'elle contrôlait autour de cette région séparatiste. Depuis, les tensions restent fortes et plusieurs incidents ont fait craindre une reprise des combats. Le 7 décembre, la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction de l'ONU, a sommé l'Arménie et l'Azerbaïdjan de «stopper la haine raciale» et d'éviter d'aggraver leur différend après le conflit en 2020.

«L’Arménie est en danger. Elle a déjà été une terre martyre du temps de l’Empire ottoman et de massacres comme le génocide arménien. De nouveau, ce pays est harcelé, et par son voisin l’Azerbaïdjan, et surtout par la Turquie derrière. On est là au cœur de la guerre de civilisation», a déclaré Eric Zemmour. «L'Arménie est en train d'être abandonnée, c'est une guerre de civilisation. On ferait bien de regarder ce qui se passe là-bas», a également estimé Philippe de Villiers s'adressant à la presse ce 11 décembre à l'aéroport.

Un nombre restreint de médias a été autorisé à suivre le voyage d'Eric Zemmour en Arménie (CNews, Europe 1 et Le Figaro, auxquels ont été ensuite ajoutés France TV et l'AFP vidéo) «pour des raisons de sécurité», selon son équipe, qui avait hésité à maintenir ce déplacement.