Assurant que 95% des demandes de visas pour la France étaient actuellement refusées, l'Association algérienne de protection du consommateur et de son environnement (APOCE) a, le 10 décembre, appelé les citoyens algériens souhaitant déposer leur dossier à reporter cette initiative à une date ultérieure.
«Nous vous recommandons de ne pas de soumettre actuellement des demandes de visa Schengen dans les consulats français», a déclaré l'organisation dans un communiqué.
Assurant que l'approbation des demandes de visa ne dépassait pas 5% des demandes, l'APOCE a précisé que le phénomène concernait aussi les demandes de renouvellement de visas.
Un dossier générateur de tensions diplomatiques
L'annonce fin septembre par la France d'une réduction drastique des délivrances de visas pour les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) avait participé à provoquer une crise diplomatique entre Paris et Alger. A l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait expliqué que cette décision était réversible mais qu'elle s'appliquerait «tant que ces pays refuser[aient] le retour de leurs compatriotes en situation irrégulière sur notre sol».
Selon Europe 1, dans le cas de l’Algérie, entre janvier et juillet 2021, la justice française avait en effet ordonné 7 731 obligations de quitter le territoire français, mais seulement 22 personnes sont reparties chez elles, soit à peine plus de 0,2%. L’Algérie refuserait de délivrer des laissez-passer consulaires, un document sans lequel une expulsion ne peut pas être exécutée.
En octobre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accusé le ministre français de l'Intérieur – qu'il a appelé «Moussa Darmanin» – de «gros mensonge» quant au nombre d'immigrés clandestins algériens à refouler depuis la France. «Il n'y a jamais eu 7 000 [Algériens à expulser]. La France a évoqué avec nous plus de 94 [Algériens]. Jamais il n'y en a eu 7 000», a-t-il déclaré lors d’un entretien avec plusieurs médias algériens.
Ne nous mélangez pas avec d'autres pays [...]. L'Algérie est un pays spécial
Il a également demandé à la France de ne pas avoir avec l'Algérie la même approche qu'avec le Maroc ou la Tunisie, rappelant les accords d'Evian liant les deux pays depuis l'indépendance de 1962. «La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les Etats, y compris pour l'Algérie, à condition qu'elle respecte les accords d'Evian et les accords de 1968 qui dictent certaines mesures», avait fait valoir Abdelmadjid Tebboune.
En vertu de ces accords, les Algériens bénéficient d'un régime spécifique qui facilite leur entrée en France, leur octroie une liberté d'établissement comme commerçant ou indépendant et un accès plus rapide à des titres de séjours valables 10 ans. «Ne nous mélangez pas avec d'autres pays [...]. L'Algérie est un pays spécial», avait-il ajouté, répétant : «Il y a des accords qui nous lient.»