Quasiment un an après avoir refusé la demande américaine d'extradition de Julian Assange, la justice britannique a accepté de se repencher sur le dossier, répondant ainsi favorablement à l'appel formulé en ce sens par les Etats-Unis.
Annoncée ce 10 décembre – une date qui, hasard du calendrier, coïncide avec la Journée internationale des droits de l'Homme – la décision a provoqué en France l'indignation de certaines personnalités politiques ainsi que d'ONG, qui ont réagi sur les réseaux sociaux.
«Honte», «Décision terrible», «Il faut nous mobiliser !»
«Ignoble décision anglaise d'expulser aux USA Assange. Un meurtre sous apparence judiciaire. Honte à ceux qui laissent faire», a par exemple tweeté le candidat insoumis à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon.
«Honte à la France qui a abandonné ce lanceur d’alerte ! Nous avons une dette immense envers lui. Liberté pour Assange !», a abondé sa camarade Mathilde Panot.
C'est «un terrible message aux défenseurs de la liberté de la presse !», a lui aussi tweeté le candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, qui «appelle, de nouveau, à ce que la France accorde l’asile politique à Julian Assange».
«L’acharnement contre Julian Assange est un acharnement contre le journalisme, la liberté d’expression et plus profondément contre le droit démocratique à dénoncer les pratiques criminelles menées au plus haut sommet des Etats» a quant à lui écrit sur les réseaux sociaux le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou.
«La justice autorise l'extradition du lanceur d'alerte Julian Assange vers les USA. Honteuse et tragique décision qui risque de lui coûter la vie, pour avoir révélé des crimes et pratiques inacceptables», a pour sa part écrit le député ex-LREM Cédric Villani, appelant de ses vœux à une réaction de la part de la diplomatie française.
«Décision terrible. Si la France et l’UE, qui se targuent de protéger les lanceurs d’alerte, ne veulent pas ajouter le déshonneur à l’injustice, il faut accorder l’asile politique à Julian Assange», a de son côté estimé Emmanuel Maurel, eurodéputé appartenant au groupe de gauche GUE/NGL.
«Vraiment Il faut nous mobiliser et ne pas laisser faire. Les grands discours sur la liberté, la transparence et la défense de l’intérêt général ne valent pas grand chose si des actes ne sont pas au rendez-vous. Exigeons l’accueil politique à Julian Assange», a surenchéri la sénatrice de gauche Marie-Noëlle Lienemann.
Le président des Patriotes, Florian Philippot, a pour sa part déploré l'«affreuse extradition de Julian Assange aux Etats-Unis».
«Une France libre aurait pu accorder l'asile politique à Julian Assange», a également tweeté le mouvement politique Génération Frexit.
Organisations vent debout
«RSF condamne la décision de la Haute Cour du Royaume-Uni autorisant l'extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis et demande sa libération immédiate», a fait savoir Christophe Deloire, à la tête de Reporters sans frontières.
Amnesty international a pour sa part dénoncé «une parodie de justice».
«Anticor apporte tout son soutien à Julian Assange qui a risqué sa vie pour révéler l'horreur de la guerre en Irak. Son extradition porterait une atteinte grave au droit fondamental à la liberté d’expression», a souligné l'ONG Anticor.
«La justice britannique annule en appel le refus d’extrader Julian Assange vers les Etats Unis. Une décision terrible pour tous les lanceurs d'alerte, le jour symbolique de la Journée des droits de l'homme. La LDH continue d’exiger sa libération et sa protection», a encore dénoncé la Ligue des droits de l’Homme.
Le réexamen par la justice britannique de cette demande américaine d'extradition a par ailleurs suscité une avalanche de réactions parmi ses habituels soutiens sur la scène internationale. En tout état de cause, le sort de Julian Assange, qui risque 175 ans de prison aux Etats-Unis, est devenu emblématique du combat pour la liberté de la presse.