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Conflit dans l'est de l'Ukraine : pourquoi Moscou refuse des négociations directes avec Kiev ?

Le Kremlin a réagi aux déclarations de l'Ukraine estimant impossible la résolution du conflit dans le Donbass sans «négociations directes» avec la Russie. Pour Moscou, ces accusations sont infondées, car le conflit en Ukraine est une «guerre civile».

Lors d'une conférence de presse organisée à Moscou le 1er décembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réagi aux récentes déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a affirmé le même jour qu'il était impossible de mettre fin à la guerre dans le Donbass «sans négociations directes» avec la Russie.

Interrogé sur le fait de savoir si la Russie était prête à participer à de telles négociations, Dmitri Peskov a déclaré sur un ton ferme que contrairement aux assertions occidentales, la Russie n'était pas «partie prenante» de la guerre dans le Donbass. Pour ce dernier, la guerre en Ukraine est un conflit purement «intérieur», «une guerre civile». «Nous sommes conscients des tentatives de présenter la Russie comme partie prenante de ce conflit. Ce n’est pas le cas», a-t-il ajouté.

Selon le porte-parole du Kremlin, la mise en place de négociations entre les Ukrainiens est le «seul moyen» de mettre fin à la guerre dans le Donbass. Dmitri Peskov a expliqué que la Russie faisait «tout son possible pour aider l’Ukraine [...] à résoudre la crise dans le Donbass. Et de préciser : «La Russie poursuit son travail [de négociation] conformément au cadre du "format de Normandie", elle maintient son engagement en faveur [...] des accords de Minsk et attend – avant tout dans un but de résolution du conflit – que Kiev respecte tous ses engagements.»

Kiev accuse Moscou de préparer une invasion de l'Ukraine

D'après une information rapportée par l'AFP, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé le 1er décembre à des «négociations directes» avec la Russie pour mettre fin au conflit dans le Donbass. Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu alors que Kiev accuse Moscou de préparer une invasion.

Le 26 novembre, Volodymyr Zelensky avait déclaré avoir reçu des informations concernant un coup d'Etat en Ukraine. Le président ukrainien avait ainsi affirmé que «certains représentants de la Russie» étaient impliqués dans les discussions concernant ce coup d'Etat. Le Kremlin avait immédiatement balayé ces accusations.

Selon l'AFP, l'Ukraine et l'Otan s'inquiètent depuis plusieurs semaines du renforcement du potentiel militaire russe aux frontières ukrainiennes. L'Ukraine accuse ainsi la Russie d'avoir massé à ses frontières plusieurs dizaines de milliers de soldats ainsi que des armes lourdes, y voyant là les préparatifs d'«une invasion imminente». Lors d'une réunion de l'Otan le 1er décembre à Riga, en Lettonie, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a demandé la mise en place d'un «paquet de dissuasion» contre Moscou. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a de son côté estimé qu'il fallait rendre «clair que toute agression contre l'Ukraine serait suivie d'une réponse ferme».

La Russie dément toute velléité belliqueuse, mais se dit prête à «répondre à toute démarche inamicale»

Toujours selon l'AFP, la Russie a répliqué en accusant le 1er décembre l'Ukraine de «renforcer ses capacités militaires, en transférant des équipements lourds et du personnel» dans l'est du pays. Selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, Kiev a récemment déployé 125 000 soldats, soit près de «la moitié des forces armées ukrainiennes».

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fustigé le 1er décembre la «politique destructrice» des pays de l'Otan qui «cherchent à attirer l'Ukraine dans leur orbite et à la transformer en pays antirusse». Moscou reproche notamment à l'Otan d'avoir fourni des armes à l'Ukraine, et d'avoir mené récemment des manœuvres militaires en mer Noire. Sergueï Lavrov a averti que la Russie était prête à «répondre à toute démarche inamicale».

C'est dans ce climat très tendu que Sergueï Lavrov rencontrera le 2 décembre à Stockholm, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Le 22 novembre, le Kremlin avait répondu à des accusations américaines selon lesquelles la Russie préparerait une invasion militaire de l'Ukraine. Le service russe de renseignement extérieur avait qualifié ces allégations de «mensongères».