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Syrie : l’élargissement des négociations aux acteurs régionaux amorce-t-il un règlement politique ?

Les 29 et le 30 octobre, les représentants de plus de dix pays se réunissent à Vienne pour aborder le règlement du conflit syrien. Les participants de ce marathon diplomatique ont pour but d’initier un dialogue politique en Syrie.

Dans la capitale autrichienne, l’hôtel Imperia accueille dès le 29 octobre les ministres des Affaires étrangères et d’autres représentants des pays qui vont prendre part aux négociations sur le futur de la Syrie.

Contrairement à la réunion qui s’est déroulée à Vienne en présence des seuls représentants des diplomaties américaine, russe, saoudienne et turque le 23 octobre, cette rencontre comptera un nombre plus important d’acteurs susceptibles de participer à la résolution de la crise syrienne.

Si les ministres des Affaires étrangères russe, américain, saoudien et turc se sont rencontrés seuls le 29 octobre, leur quartet sera étoffé le 30, par la présence des chefs de la diplomatie égyptienne, iranienne, irakienne et libanaise à l’initiative de la Russie, qui fut l’initiatrice de l’élargissement du nombre des participants à ces négociations sur la Syrie.

L’augmentation du nombre des négociateurs peut être considérée comme une percée. Ainsi, l’Iran, acteur régional majeur, avait été exclu des négociations contrairement à l’avis de la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé à plusieurs reprises à intégrer les représentants de la République islamique parmi les négociateurs.

Mais ces négociations s’annoncent difficiles. La Russie et l’Iran, partisans du maintien du régime de Bachar el-Assad, au moins pour une période de transition, affronteront l’Arabie saoudite pour qui le départ du président syrien est indispensable.

Pour que ces négociations puissent aboutir, il faudra donc que ses participants parviennent à surmonter leurs différends pour trouver un compromis.

Les pierres d’achoppement

La Russie et l’Iran soutiennent le président syrien, alors que les Etats-Unis et l’Arabie saoudite réclament son départ.

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Il est pour l’instant difficile d’identifier les composantes de ce qu’on appelle l’opposition syrienne «modérée». Le président Bachar el-Assad a pour sa part déjà déclaré qu’il était d’accord pour que cette opposition prenne part au processus de transition du pouvoir et à la résolution de la crise qui dure déjà depuis plus de quatre ans.

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Pour le moment, deux opérations distinctes sont en cours contre l’Etat islamique. Celle dirigée par les Etats-Unis et celle que la Russie a entamée il y a un mois. Il n’y pour l’instant par de coordination des opérations de ces deux campagnes contre Daesh.

«L’Arabie saoudite n’a pas d’autre choix que de négocier avec l’Iran»

Mohammad Hassan Hani, expert en relations internationales de l’université d’Imam Sadiq à Téhéran, a qualifié l’implication de l’Iran dans les négociations sur la Syrie de «tournant». «C’est la première fois que les grandes puissances régionales sont impliquées dans les négociations et qu’elles peuvent s’asseoir ensemble», a-t-il fait remarquer. «Ce qui est plus important, c’est que l’Iran et la Russie jouent un rôle significatif dans la résolution de cette crise», s’est félicité l’expert.

Mohammad Hassan Hani considère que l’implication de l’Iran dans les négociations est «un sous-produit ou un avantage» de la résolution de la question nucléaire iranienne. «Sans Iran, il n’y aura pas de solution de cette crise», a-t-il également souligné.
L’expert a reconnu que les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran étaient «amères» depuis «l’incident de la Mecque» où une gigantesque bousculade lors du pèlerinage du Hadj avait provoqué la mort de 464 Iraniens le 24 septembre dernier. Mais en même temps, il reconnaît que l’Iran et l’Arabie saoudite sont «deux acteurs majeurs dans le monde musulman et au Moyen Orient». «Ils doivent apprendre comment se rapprocher l’un de l’autre pour résoudre la crise importante du Moyen Orient. L’Iran dit être prêt à travailler avec l’Arabie saoudite et avec tous les pays régionaux, de même qu’avec d’autres pays pour résoudre le problème du Moyen-Orient. Je pense que les Saoudiens n’ont maintenant pas d’autre choix que de s’asseoir et de négocier», a conclu Mohammad Hassan Hani.