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Corruption, népostisme, instabilité, le commerce d'armes mine le Moyen-Orient

Selon un rapport de Transparency International, les Etats arabes qui achètent des milliards de dollars d'armes ont un risque élevé de corruption. Plus encore, ce commerce constitue une menace permanente pour la sécurité et la stabilité régionale.

Selon le rapport de l'ONG qui lutte activement contre la corruption dans le monde, de façon globale, c'est au Moyen-Orient qu'on trouve les budgets de défense avec la croissance la plus forte au monde.

Tous les pays de la zone totalisent ensemble 135 milliards de dollars en dépenses pour l'armement. Près d'un tiers de toutes leurs dépenses publiques vont à la défense. 

Le très bon client saoudien

Parmi ces pays, l'Arabie saoudite est le second plus grand important importateur d'armes, derrière l'Inde. Cependant, selon le rapport, les dépenses de défense de Riyad dépassent même souvent les chiffres officiels. Le royaume deviendra le cinquième plus important acheteur militaire dans le monde d'ici 2020. Son budget de la défense devrait augmenter de 27%.

Le pays est le plus important marché d'armes pour le Royaume-Uni par exemple. Riyad a acheté ainsi pour 5,5 milliards d'euros en équipements de défense britannique dans les cinq dernières années. L’Arabie Saoudite est aussi le plus gros client des fabricants d’armes français en terme de volume financier. Le royaume a passé plus de 3 milliards d’euros de commandes en 2014. La France est devenue ainsi le deuxième exportateur mondial d’armement, derrière les Etats-Unis mais devant la Russie. En 2015, le volume des ventes atteint déjà les 16 à 17 milliards d’euros. 

En 2013, l'Arabie saoudite a acheté une grande quantité d'armes à la Croatie pour les rebelles anti-gouvernementaux en Syrie. En 2014, Riyad a financé l'achat de 2 milliards  de dollars en armes russes au nom du gouvernement égyptien soutenu par les militaires. Or selon le rapport de Transparency International, le pays est classé à un risque de corruption très élevé, tout comme la Jordanie et les Émirats arabes unis. Tous ces pays sont également des proches alliés des États-Unis et du Royaume-Uni.

Corruption et népostisme

Autres pays cités dans le rapport, le Qatar, le Koweït, l'Irak, l'Iran, la Syrie, Oman et Bahreïn qui sont considérés comme présentant des risques critiques parce que «il n'y a pratiquement pas de responsabilité ou de transparence des établissements de défense et de sécurité» explique le rapport.

L'organisation estime que 16 des 17 gouvernements du la zone MENA sont considérés comme présentant un risque très élevé ou critique de corruption. Seule la Tunisie s'en sort un peu, même si le pays est toujours classé comme à risque élevé.

Tous les 17 pays souffrent d'un manque de supervision, de secret excessif et de népotisme généralisé, avec des réseaux d'affaires basés sur les liens familiaux dans l'achat de contrats de défense. Ainsi, des princes saoudiens président des organismes puissants et les utilisent pour jouer de leur influence.  

En Irak aussi, la corruption a «fondamentalement sapé le leadership» des forces armées. Ainsi, le poste de commandant de division se monnaye 2 millions de dollars. Au Yémen et à Oman, tous les postes de direction dans les services de renseignement sont attribués sur la base du clientélisme et des liens familiaux ou politiques.

Autres pays cités par le rapport, la Russie et l'Iran. Aucun des deux pays n'a révélé les détails financiers concernant l'accord portant sur le système de défense antimissile S-300 signé en août et d'une valeur estimée à 800 millions de dollars. 

Transparency International en appelle également aux pays producteurs et vendeurs d'armes: «la corruption contribue à l'instabilité et crée l'insécurité. Si les dirigeants du monde veulent sérieusement lutter contre le chaos de la région, ils doivent plaider pour une plus grande transparence et pour plus de responsabilité».