Ainsi que l'a rapporté l'agence de presse américaine AP le 19 novembre, la Nasa et le laboratoire national de l'Idaho (premier centre de recherche nucléaire des Etats-Unis) ont lancé un appel d'offres en vue d'établir sur la surface lunaire un système d'énergie à fission nucléaire avec l'objectif de reproduire le projet sur notre voisine rouge, Mars.
En partenariat avec l'agence spatiale américaine, le centre de recherche nucléaire qui dépend directement du ministère de l'Energie envisage une source d'énergie indépendante du soleil, sur la Lune, d'ici la fin de la décennie. Le projet avait déjà été évoqué à l'été 2020 par l'administration américaine qui avait notamment déclaré : «De petits réacteurs nucléaires peuvent fournir la capacité de puissance nécessaire aux missions d'exploration spatiale qui intéressent le gouvernement.»
Un système de distribution fournissant au moins 40 kilowatts d'énergie électrique continue pendant dix ans dans l'environnement lunaire
Selon l'appel d'offres retranscrit par AP, la construction du futur réacteur nucléaire en question devrait avoir lieu sur Terre, avant qu'il ne soit envoyé sur la Lune. «Lorsqu'il sera lancé de la Terre vers la Lune, il devra tenir à l'intérieur d'un cylindre de 12 pieds [quatre mètres] de diamètre et de 18 pieds [six mètres] de long. Il ne devrait pas peser plus de 6 000 kilos», apprend-on, entre autres.
Les plans soumis pour ce projet de centrale à fission devraient comprendre «un cœur de réacteur alimenté en uranium, un système pour convertir l'énergie nucléaire en énergie utilisable, un système de gestion thermique pour maintenir le réacteur froid et un système de distribution fournissant au moins 40 kilowatts d'énergie électrique continue pendant dix ans dans l'environnement lunaire», relate encore l'agence de presse américaine qui fait par ailleurs état d'autres exigences figurant dans l'appel d'offres comme «la capacité [du réacteur] de s'éteindre et de se mettre en marche sans l'aide d'un humain» ou encore «la possibilité de le faire fonctionner sur un système mobile et de le transporter sur un autre site lunaire».
Pour rappel, l'exploitation de la Lune fait l'objet de multiples projets sur le long terme, comme par exemple celui d'établir une usine d'extraction d'oxygène à partir de la poussière lunaire (menée par des ingénieurs britanniques, l'initiative a été plébiscitée fin 2020 par l'agence spatiale européenne, l'ESA).
La Lune, plus attractive que jamais
L'exploration de notre satellite naturel connaît ces dernières années un regain d'enthousiasme à l'échelle mondiale. En plus du programme Artemis chapeauté par les Etats-Unis, il fait par exemple l'objet d'une volonté russo-chinoise d'exploration scientifique, les deux pays ayant signé en mars 2021 un mémorandum actant le projet de mettre en place une station lunaire scientifique internationale. Les agences spatiales chinoise et russe ont d'ailleurs récemment fait savoir qu'elles avaient invité leurs partenaires à se joindre à l'initiative.
Le regain d'attention autour de la Lune peut en partie s'expliquer par le fait que son pôle sud, en plus de l'exposition solaire quasi permanente dont il bénéficie par endroits, pourrait renfermer sous forme de glace un volume d'eau considérable, particulièrement précieux pour la production d'énergie sur place, tant pour y ravitailler des fusées que pour l'approvisionnement en électricité de futures bases humaines. Celles-ci pourraient un jour servir pour l'observation de l'espace profond ou encore comme base de lancement pour de futurs vols interplanétaires.
Fabien Rives