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La France déplore la publication par la Russie d'échanges diplomatiques sur le dossier ukrainien

La diplomatie française est montée au créneau après que la Russie a rendu publiques des correspondances entre Paris, Berlin et Moscou. La diplomatie russe entendait ainsi montrer sa bonne foi sur le dossier ukrainien, actuellement source de tensions.

«Nous considérons cette démarche comme contraire aux règles et usages  diplomatiques», a déclaré ce 18 novembre la porte-parole de la diplomatie française Anne-Claire Legendre, citée par l'AFP, en référence à la publication la veille par Moscou d'échanges diplomatiques entre la France, l'Allemagne et la Russie.

«L'Allemagne et la France travaillent depuis des mois à la poursuite des négociations et la mise en œuvre d'un agenda concret pour la paix», a assuré la porte-parole du Quai d'Orsay, au sujet du règlement du conflit en Ukraine. Et d'ajouter, à propos de la non-tenue d'une réunion au format Normandie (Moscou, Kiev, Paris, Berlin) pour laquelle la France et la Russie se renvoient la responsabilité : «La Russie a refusé de participer à une telle réunion.»

Moscou entend empêcher «de futures spéculations»

Le 17 novembre, la diplomatie russe avait défendu sa décision de publier des correspondances diplomatiques en disant vouloir empêcher «de futures spéculations». D'après elle effet, «la position de la Russie ainsi que son rôle dans le règlement interne [de la crise ukrainienne] et l'approche concernant l'organisation d'une éventuelle réunion ministérielle au format Normandie ont été déformés» récemment.

Selon une lettre du 4 novembre ainsi révélée, les chefs des diplomaties française et allemande ont exprimé leur désaccord avec certaines «estimations» de la Russie, que celle-ci avait formulées dans une proposition d’accord final en vue d'une éventuelle réunion au format Normandie. Heiko Maas et Jean-Yves Le Drian rejetaient notamment l'idée russe d'établir d'un «dialogue direct» entre Kiev et les républiques autoproclamées du Donetsk et de Lougansk, ou le fait que Moscou se présente comme un «médiateur à côté de l'OSCE dans le Groupe de contact trilatéral [Ukraine, Russie, OSCE]». 

Partant, toujours selon ce document, les ministres allemand et français avaient proposé un projet alternatif d’accord final pour la potentielle réunion au format Normandie.

Or dans un message daté du 6 novembre, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait estimé que les différents points de la proposition de Paris et Berlin soit ne nécessitaient pas la convocation d'une réunion des ministres des Affaires étrangères au format Normandie, soit contredisaient les accords de Minsk.

Enfin, dans sa lettre du 16 novembre, le chef de la diplomatie russe dénonçait des déformations de la position de Moscou sur le dossier ukrainien de la part des deux nations occidentales. «Vous nous avez menacé de "conséquences" pour de prétendues tentatives de porter atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, vous nous avez accusés d'un "nouveau refus" de participer à la réunion ministérielle au "format Normandie". Vous savez pertinemment que ni le premier point ni le second ne correspondent à la réalité. Dans le même temps, vous continuez d'ignorer le sabotage des accords de Minsk par Kiev», développait notamment Sergueï Lavrov.