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Crise migratoire : Minsk évoque une piste vers des pourparlers, l'Union européenne réagit

Minsk a expliqué mener des négociations avec Bruxelles pour régler la crise migratoire en cours à la frontière biélorusso-polonaise. De son côté, l'exécutif européen évoque des «discussions techniques» sur le rapatriement des migrants dans leur pays.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko et la chancelière allemande Angela Merkel se sont entretenus le 17 novembre par téléphone, pour la seconde fois en trois jours, afin d'évoquer la crise migratoire qui se déroule actuellement à la frontière biélorusso-polonaise, un dossier générateur de tensions entre Bruxelles et Minsk. Comme le rapporte l'AFP, Minsk a estimé que cet échange avait abouti à un accord sur l'organisation de pourparlers Biélorussie-UE.

Selon la présidence biélorusse, les deux dirigeants se sont en effet entendus pour que le problème dans son ensemble «remonte au niveau Biélorussie-UE» et que «des responsables désignés par chacune des parties entreprennent immédiatement des négociations». Mais cette annonce a été immédiatement nuancée par Berlin, qui n'a évoqué qu'une coopération entre Minsk et l'UE pour fournir une aide humanitaire aux migrants coincés à la frontière.

L'UE évoque des discussions techniques

«La chancelière a souligné la nécessité de fournir une aide humanitaire et des options de rapatriement pour les personnes concernées, avec les Nations unies et en coopération avec la Commission européenne», a assuré le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert.

La Commission européenne «tiendra des discussions techniques sur les rapatriements avec le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), avec l'Organisation internationale pour les migrations» et avec la Biélorussie, a pour sa part déclaré un porte-parole de l'exécutif européen, cité le jour-même par l'AFP.

La Biélorussie «doit donner accès à l’aide humanitaire et fournir un abri aux migrants dans le pays», a affirmé le même diplomate européen. 

Quelques milliers de migrants, originaires principalement du Moyen-Orient, campent depuis des jours le long de la frontière polonaise, du côté biélorusse, dans l'espoir de pouvoir entrer dans l'UE.

L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré depuis l'été cet afflux en réponse à des sanctions occidentales contre la Biélorussie adoptées consécutivement à la réélection contesté d'Alexandre Loukachenko. Le Premier ministre polonais a en outre assuré que le «commanditaire» de cette vague migratoire se trouvait «à Moscou». La Russie a réagi, soulignant notamment la responsabilité de l'Occident à la racine de l'exode de populations. Cité par l'AFP, le ministre polonais de la Défense Mariusz Blaszczak a averti que cette crise pourrait durer «des mois, voire des années», affirmant que les migrants avaient à nouveau «attaqué la frontière polonaise» pendant la nuit.

La vieille, les forces de sécurité polonaises avaient fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour repousser une foule qui leur jetait des pierres en tentant de traverser la frontière. Varsovie, ainsi que les deux autres voisins européens de la Biélorussie, la Lituanie et la Lettonie, s'opposent à l'accueil de ces milliers de migrants. Les gardes-frontières polonais ont expliqué avoir enregistré le 16 novembre 161 tentatives de «passages illégaux», y compris «deux tentatives de passages en force». Dans la nuit du 17 au 18 novembre, les forces de sécurité polonaises ont arrêté une centaine de migrants, selon le ministère de la Défense.