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Des bombardiers russes patrouillent dans le ciel de Biélorussie dans le cadre d'exercices (VIDEO)

Alors que la Pologne a déployé des milliers de soldats à sa frontière suite à la crise migratoire, deux bombardiers russes ont survolé la Biélorussie accompagnés d'un avion de l'armée de l'air biélorusse. Moscou parle de «vols de reconnaissance».

Deux bombardiers lourds supersoniques russes Tupolev Tu-160 ont survolé la Biélorussie le 11 novembre, alors que la Pologne a, en plus de policiers et de garde-frontières, déployé 15 000 soldats à sa frontière avec la Biélorussie en réaction à la crise migratoire en cours. Le ministère russe de la Défense a publié une vidéo des bombardiers effectuant leur patrouille, notant qu'ils étaient accompagnés d'un Sukhoï Su-30SM de l'armée de l'air biélorusse. La mission a duré quatre heures et 36 minutes, et les aéronefs russes ont parcouru plus de 3 000 km. L'armée russe a déclaré que ces activités n'étaient «pas dirigées contre des pays tiers».

Le Tupolev Tu-160, connu en Russie sous le nom de «Cygne blanc» et par l'OTAN sous le nom de «Blackjack», est le bombardier le plus grand, le plus lourd et le plus rapide du monde. Il est capable d'atteindre la vitesse de Mach 2 et peut transporter 45 tonnes de munitions, y compris des missiles de croisière conventionnels et des missiles à tête nucléaire.

Avant une réunion d'urgence à huis clos du Conseil de sécurité convoquée à la demande de l'Estonie, de la France et de l'Irlande au sujet la crise migratoire à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, l'ambassadeur russe adjoint auprès de l'ONU Dmitry Polyanskiy avait été interrogé par la presse sur ces mouvements d'aéronefs.

S'il y a une concentration de ressources militaires à la frontière avec la Biélorussie, nous devons réagir

Il a fait savoir qu'il s'agissait d'une réponse à «la présence militaire croissante à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie» et a poursuivi en ces termes : «Nous avons des obligations dans le cadre de l'unité entre la Russie et la Biélorussie [...] S'il y a une concentration de ressources militaires à la frontière avec la Biélorussie, nous devons réagir. Ce sont juste des vols de reconnaissance, rien de plus, c'est une activité normale.»

Moscou dénonce une saisine «honteuse» du Conseil de sécurité de l'ONU

Le diplomate a ajouté à propos des migrants que «ce sont des gens qui sont venus légalement en Biélorussie et qui cherchent à entrer dans des pays européens, notamment l'Allemagne. Ils ne sont pas autorisés à franchir la frontière, sont poursuivis, battus. C'est une honte totale et une violation complète des conventions internationales», estimant qu'une sortie de crise ne pouvait passer que par le dialogue. Dmitry Polyanskiy a également critiqué l'absence supposée de transparence des autorités polonaises, en affirmant que les journalistes et les ONG n'avaient pas accès au côté polonais de la frontière. Evoquant une «inclinaison masochiste», l'ambassadeur adjoint a estimé que la demande des Européens d'une saisine du Conseil de sécurité était «honteuse».

Alors que plusieurs milliers de migrants se massent depuis début novembre à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, des pays de l'Union européenne accusent le président biélorusse Alexandre Loukachenko d'orchestrer cette crise migratoire pour se venger de sanctions européennes liées à sa réélection, contestée par l'opposition. Minsk, de son côté, dénonce des accusations «sans fondements» à son encontre alors que le président russe Vladimir Poutine a appelé les parties prenantes à renouer le dialogue.

Les membres européens et américain du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné le 11 novembre dans une déclaration conjointe une «instrumentalisation orchestrée d'êtres humains» par la Biélorussie à la frontière avec la Pologne afin de «déstabiliser la frontière extérieure de l'Union européenne». La déclaration est signée par la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Irlande et l'Estonie. Dans leur déclaration, ces pays estiment que l'objectif de Minsk est également de «déstabiliser les pays voisins» et de «détourner l'attention de ses propres violations croissantes des droits humains».