Le président russe Vladimir Poutine a appelé ce 11 novembre l'Union européenne à rétablir les contacts avec la Biélorussie, a indiqué le Kremlin, en pleine crise migratoire à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne.
Lors d'un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le second en deux jours, Vladimir Poutine a souligné l'«importance de régler le plus vite possible la grave crise migratoire, conformément aux normes humanitaires internationales», selon un communiqué du Kremlin.
Ce règlement passe, selon Vladimir Poutine, par le «rétablissement des contacts entre les pays de l'UE et la Biélorussie», précise le communiqué. Les deux dirigeants ont également abordé la question ukrainienne, au sujet de laquelle le président russe a dénoncé «la politique destructrice de Kiev qui mise de plus en plus sur la résolution du conflit par la force»
La Russie dément les propos du Premier ministre polonais
La Pologne, en première ligne dans la crise avec Minsk – et qui a déployé 15 000 soldats dans la zone, en plus de policiers et de garde-frontières – a accusé le 9 novembre le président russe d'être le «commanditaire» de la vague de migrants vers l'UE : «[Le président biélorusse Alexandre Loukachenko] est l'exécutant de la dernière attaque, mais son commanditaire se trouve à Moscou et ce commanditaire est le président Poutine», a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.
Lors d'une conférence de presse le 10 novembre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a démenti les propos du Premier ministre polonais : «C’est une déclaration totalement irresponsable et inacceptable.» «Nous sommes en présence d'une catastrophe humanitaire imminente dans le contexte de la réticence de nos collègues européens à démontrer leur attachement aux valeurs européennes. Ils ont manifesté cet attachement à l’égard de différents pays, à l’égard des réfugiés de différents pays, en évoquant les idéaux suprêmes de l’humanisme. Cette fois, cette volonté est absente», a-t-il encore remarqué.
Les Européens accusent Alexandre Loukachenko d'orchestrer cette crise migratoire pour se venger de sanctions européennes liées à sa réélection contestée par l'opposition ; Minsk, de son côté, dénonce des accusations «sans fondements» à son encontre.
Les 27 Etats membres de l'UE doivent se pencher le 15 novembre sur de nouvelles sanctions à l'encontre de la Biélorussie. «Ce qu'on peut faire, c'est sanctionner un certain nombre d'entités, des entreprises qui organisent le trafic», a relevé Clément Beaune en citant l'aéroport de Minsk et des compagnies, notamment aériennes.
Clément Beaune a évoqué au passage un «problème probable» avec la compagnie Turkish Airlines, tout en notant que dans son cas, des sanctions n'étaient «pas à l'ordre du jour». «Il y a un travail diplomatique pour demander [à la Turquie] que les vols soient moins fréquents ou suspendus», a-t-il dit. Mais «pour l'instant», contrairement à de précédentes crises migratoires à la frontière avec la Grèce, «ce n'est pas eux qui organisent le trafic», a-t-il précisé.