Une démonstration publique d'autopsie à 500 dollars la place a fait polémique le 3 novembre aux Etats-Unis. Environ 70 spectateurs ont en effet assisté en direct, dans un grand hôtel de Portland (Oregon), à la dissection en octobre du corps d'un homme de 98 ans mort du Covid par un anatomiste à la retraite.
Au cours d'une démonstration de plusieurs heures, le médecin Colin Henderson a prélevé les organes du défunt, dont son cerveau, expliquant les différentes étapes de cette procédure qu'il a pratiquée durant toute sa carrière, selon la chaîne de télévision américaine King 5.
Sur les images de la chaîne, on peut voir certains spectateurs enfiler des gants chirurgicaux avant de manipuler le cadavre.
«C'était très pédagogique», a déclaré à cette télévision une spectatrice, Monica, jugeant que «tout a[vait] été fait dans le respect de la personne qui a donné son corps». Selon King 5, la famille du défunt, David Saunders, n'avait toutefois pas été informée que le corps légué à la science servirait à ce genre d'exhibition payante. L'événement a été organisé par Death Science, qui se présente comme «une plateforme d'éducation indépendante». Les billets pour cette journée du 17 octobre à Portland annonçait «une autopsie médico-légale sur un cadavre complet». «Accès au cadavre avant, après et pendant les pauses», promettait le programme.
La famille du défunt dupée ?
Le fondateur de Death Science, Jeremy Ciliberto, a déclaré dans un communiqué cité par l'AFP que l'événement visait à «créer une expérience éducative pour les personnes qui veulent en savoir plus sur l'anatomie humaine». La dépouille avait été fournie par Med Ed Labs, société basée à Las Vegas qui, selon son site internet, collecte des corps légués à la science. Selon King 5, qui cite la société de pompes funèbres de Louisiane ayant pris en charge le corps de David Saunders après son décès, la famille pensait qu'il servirait à la recherche médicale.
Jeremy Ciliberto a assuré ne pas être informé des éventuels accords entre la famille et la société Med Ed Labs. Il a simplement assuré que celle-ci lui avait dit «que le cadavre avait été donné pour des fins scientifiques, médicales et éducatives». «Nous avons reçu la permission [de la famille] d'utiliser le donneur pour la formation et l'éducation médicale, scientifique et anatomique», a confirmé l'un des responsables de Med Ed Labs, Obteen Nassiri.
Mais il a affirmé ne pas savoir du tout que la dissection de David Saunders se déroulerait dans le cadre d'un tel événement public et payant, et non à destination d'étudiants ou de professionnels de santé.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, des règles strictes entourent la prise en charge des défunts. En France par exemple, la toilette mortuaire doit être simple, le corps est présenté aux proches au sein du lieu où le décès est survenu et le cercueil est définitivement fermé avant la sortie du lieu du décès : le tout dans le respect des mesures barrière. L'affluence aux funérailles est par ailleurs limitée.