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Contrat des sous-marins : Biden a-t-il menti à Macron pour justifier la position de Washington?

Le Premier ministre australien a expliqué que Washington était au courant de l'état des discussions entre Canberra et Paris. Il savait donc que la France n'était pas informée de la future rupture du contrat. Contrairement à ce qu'a affirmé Joe Biden.

En quelques mots passés (pour l'heure) inaperçus auprès de la diplomatie française, le Premier ministre australien Scott Morrison a mis à mal la justification de l'attitude de Washington exprimée par Joe Biden à son homologue français dans l'affaire du contrat de fourniture de sous-marins à l'Australie par la France, rompu au profit d'une alliance avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Présent au G20 à Rome, le chef du gouvernement australien a effet expliqué le 30 octobre à des journalistes que l'administration Biden avait été tenue au courant «de l'état des conversations et des discussions avec le gouvernement français» au sujet de ce contrat de 90 milliards de dollars. Ce qui signifie, entre les lignes, que Washington savait parfaitement que Paris ne connaissait rien des intentions de l'Australie.

La veille pourtant, Joe Biden avait assuré auprès d'Emmanuel Macron avoir eu «l'impression que la France avait été informée très en amont que le contrat ne se ferait pas». «Devant Dieu, je vous assure que je ne savais pas que vous ne l'aviez pas été [informés]», avait-il juré à son homologue français pour tenter d'adoucir l'humiliation de Paris, pris de court le 15 septembre par l'annonce de la rupture de la commande.

Une certification acceptée par Emmanuel Macron sans rechigner, soucieux manifestement de tourner la page. «Nous avons clarifié ce que nous avions à clarifier», avait déclaré le chef d'Etat français après la rencontre des deux délégations, ajoutant que «la confiance c'est comme l'amour, les déclarations c'est bien, les preuves c'est mieux». 

Côté australien, Scott Morrison a par ailleurs expliqué le 30 octobre que son pays a pris «la bonne décision» dans son «intérêt» pour s'assurer qu'il dispose «d'une capacité sous-marine adéquate en phase avec [ses] intérêts stratégiques». «Je pense qu'il n'était pas facile pour nous de devoir en venir à décevoir un ami et un partenaire. C'était une décision difficile, mais pour l'Australie, c'était la bonne décision», a ajouté le Premier ministre.

Emmanuel Macron et Scott Morrison avait brièvement discuté de ce contentieux le 28 octobre, lors d'un entretien téléphonique. Le président français avait déclaré que l'annulation de la commande de ces 12 sous-marins avait «rompu la relation de confiance» entre les deux pays, et avait fait savoir à Scott Morrison qu'«il appartenait désormais au gouvernement australien de proposer des actions concrètes qui incarneraient la volonté des plus hautes autorités australiennes de redéfinir les bases de [leur] relation bilatérale et de poursuivre une action commune dans l'Indo-Pacifique».