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Afghanistan : Vladimir Poutine met en garde contre une reconnaissance précipitée du pouvoir taliban

Pour le président russe, il convient de travailler avec les nouveaux maîtres de l'Afghanistan, sans leur accorder trop vite une reconnaissance officielle. Moscou souhaite en effet une ouverture du gouvernement afghan à différents pans de la société.

«Il ne faut pas se précipiter pour ce qui est de la reconnaissance des Taliban au niveau officiel», a déclaré le président russe Vladimir Poutine, ce 15 octobre, lors d'un sommet virtuel du Conseil des chefs d'Etat de la Communauté des Etats indépendants (CEI), abondant dans la direction exprimée par son homologue kazakh Kassym-Jomart Tokaïev. Cette prudence, selon le dirigeant russe, ne doit pas empêcher les relations avec les nouveaux maîtres de l'Afghanistan : «Nous comprenons qu’il faut travailler avec eux», a-t-il ainsi souligné, prônant un maintien du «processus de réconciliation en Afghanistan» et la normalisation de la situation dans ce pays.

Depuis la reprise du pouvoir par le groupe islamiste mi-août, la Russie – à l'instar d'autres grandes puissances comme les Etats-Unis – défend un dialogue national entre les différentes composantes de l'Afghanistan. Après la prise de Kaboul, les Taliban ont eux promis un «gouvernement islamique inclusif», qui représenterait «l'ensemble des Afghans».

«Le gouvernement de transition mis en place par les Taliban ne représente malheureusement pas toutes les couches de la société afghane», a jugé Vladimir Poutine, notant toutefois qu'une «intention de tenir des élections générales» avait été annoncée et que des mesures étaient prises «pour normaliser le fonctionnement de l’administration publique». «Nous allons, avec les pays de la CEI, surveiller ce processus pour que les actes correspondent aux promesses», a-t-il fait savoir, en référence à cette organisation réunissant des Etats issus de la dislocation de l'URSS.

Menace sécuritaire posée par Daesh

Lors de ce même sommet virtuel des pays de la CEI, le président russe a pointé la menace que représente le groupe terroriste Daesh en Afghanistan, à quelques jours de réunions diplomatiques à Moscou sur l'état du pays, notamment avec les Taliban. «Selon nos informations, le nombre de combattants de Daesh est d'environ 2 000. Leurs chefs préparent des plans pour étendre leur influence dans les pays d'Asie centrale et des régions russes en attisant les conflits ethno-confessionnels et la haine religieuse», a-t-il déclaré, alors que la branche locale de Daesh, l'Etat islamique - Khorasan (EI-K), a revendiqué une série d'attentats destinés à déstabiliser «l'émirat» proclamé par les Taliban.

Outre ce contexte sécuritaire inquiétant, l'Afghanistan reste économiquement paralysée depuis le retour des Taliban au pouvoir et le gel immédiat de tous les avoirs du pays et des aides internationales qui maintiennent le pays sous perfusion. Au bord d'une grave crise humanitaire, un tiers de la population afghane est menacée de famine, selon les Nations unies.