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Ouganda : des ONG dénoncent dans un rapport le «soutien» de l'Etat français aux projets de Total

Différentes ONG dénoncent dans un rapport le «soutien» de l'Etat français aux projets de Total en Ouganda. Les associations soulignent un discours en «contradiction» avec les déclarations de la France en faveur des droits de l'homme.

L'Etat français met «tous ses moyens au service de Total» pour son gigantesque projet pétrolier controversé en Ouganda, «en totale contradiction avec les discours en faveur des droits humains et du climat» de Paris, accusent ce 14 octobre plusieurs ONG.

Dans leur rapport, les associations Les amis de la Terre France, l'Observatoire des multinationales et Survie rappellent «les impacts dévastateurs sur les droits humains et l'environnement des projets Tilenga (extraction pétrolière) et EACOP (oléoduc géant) de Total en Ouganda et Tanzanie».

Or, accusent-elles, «il n'y a pas que la major pétrolière qui ne tient aucunement compte des nombreuses alertes de la société civile et des scientifiques».

«En effet, l'Etat français, en totale contradiction avec ses discours en faveur des droits humains et du climat, met tous ses moyens au service de Total pour que ces projets néfastes aboutissent», ajoutent-elles. Ces projets «font l'objet d'une vive résistance de la part des populations locales» et «ont été dénoncés par quatre rapporteurs spéciaux de l'ONU», notent-elles également. 

Selon les ONG, Total «débauche d’anciens hauts fonctionnaires et responsables politiques»

«Des institutions publiques (Elysée, ministère des Affaires étrangères, ambassade de France en Ouganda, BpiFrance, Agence française de développement, Caisse des dépôts et consignations, Agence des participations de l'Etat, armée), censées représenter et défendre l'intérêt général, sont dévoyées au profit du pétrole et des intérêts privés d’une multinationale», écrivent les associations.

«En mai 2021, Emmanuel Macron a écrit au président Yoweri Museveni pour le féliciter de sa réélection et affirmer son souhait que les projets pétroliers de Total, et notamment l'oléoduc EACOP, voient rapidement le jour», dénonce encore le rapport. 

Le rapport signale aussi «la proximité» de l'ambassadeur de France à Kampala Jules-Armand Aniambossou, en poste depuis 2019, avec le groupe pétrolier, et «l'omniprésence» de Total au sein de la communauté française en Ouganda.

Total «débauche d’anciens hauts fonctionnaires et responsables politiques, ou bien au contraire encourage ses cadres à retourner dans la fonction publique, avec pour résultat d’entretenir la confusion entre les intérêts de Total et de ses actionnaires et ceux de la France», critique dans le communiqué Olivier Petitjean, de l’Observatoire des multinationales. 

En Ouganda, la répression de la société civile et des voix dissidentes est de plus en plus forte

Le rapport fustige une «machinerie des portes tournantes», «des allers-retours de hauts fonctionnaires entre Total et différents ministères et institutions-clés» et cite les noms de plusieurs personnes.

«Alors qu'en Ouganda, la répression de la société civile et des voix dissidentes est de plus en plus forte, le gouvernement français n’hésite pas à développer sa coopération militaire avec le régime autoritaire ougandais», note aussi Thomas Bart, de Survie.

Le régime ougandais «a annoncé le déploiement de nouveaux contingents militaires pour "protéger" les futures installations pétrolières ; sur place, ces forces sont utilisées pour faire taire toute opposition au projet de Total», dénonce-t-il enfin.