Sur son compte Twitter le 8 octobre, le professeur Didier Raoult a relayé une étude sur l'efficacité des vaccins contre le Covid-19 publiée le 30 septembre, avec le commentaire suivant : «L'European Journal of Epidemiology, dont je suis éditeur [poste qu'il occupait, en réalité, jusqu'en janvier 2021], est le journal le plus coté au monde en épidémiologie. Ici, il rapporte l'absence de corrélation entre politique vaccinale et nombre de cas.»
Les pays avec un pourcentage plus élevé de population entièrement vaccinée ont des cas de Covid-19 plus élevés pour un million de personnes
On y apprend en effet qu'«il ne semble pas y avoir de relation discernable entre le pourcentage de la population complètement vaccinée et les nouveaux cas de Covid-19». Encore plus étonnant, selon ce texte, «les pays avec un pourcentage plus élevé de population entièrement vaccinée ont des cas de Covid-19 plus élevés pour un million de personnes». Les auteurs citent notamment Israël qui, «avec plus de 60 % de sa population entièrement vaccinée, a enregistré les cas de Covid-19 les plus élevés pour un million de personnes au cours des sept derniers jours». Même constat pour l'Islande et le Portugal : «Les deux pays ont plus de 75 % de leur population entièrement vaccinée et ont plus de cas de Covid-19 pour 1 million d'habitants que des pays comme le Vietnam et l'Afrique du Sud qui ont environ 10 % de leur population entièrement vaccinée.»
«Un changement de cap devient primordial avec les preuves scientifiques émergentes sur l'efficacité réelle des vaccins»
L'étude préconise donc de revoir la stratégie axée seulement sur la vaccination pour diminuer l'impact de l'épidémie. «La seule dépendance à la vaccination comme stratégie principale pour atténuer le Covid-19 et ses conséquences néfastes doit être réexaminée, en particulier compte tenu du variant Delta et de la probabilité de futurs variants», écrivent les auteurs.
«D'autres interventions pharmacologiques et non pharmacologiques devront peut-être être mises en place parallèlement à l'augmentation des taux de vaccination», recommandent-ils. «Un tel changement de cap, en particulier en ce qui concerne le discours politique, devient primordial avec les preuves scientifiques émergentes sur l'efficacité réelle des vaccins», ajoutent-ils.
En résumé, conclut l'étude, «même si des efforts doivent être faits pour encourager les populations à se faire vacciner, cela doit être fait avec humilité et respect. La stigmatisation des populations peut faire plus de mal que de bien».
Il est à noter que cette étude ne fait pas consensus dans le milieu scientifique ; par exemple, le médecin québécois Mathieu Nadeau-Vallée, cité par la radio 98.5 Montréal, estime qu'il s'agit d'une «étude observationnelle» et non «expérimentale». «C’est un article très court qui n’est pas révisé par les pairs. Généralement, ils sont acceptés après une lecture d’un éditeur de journal [...] Ce type d’étude est excellent pour développer des hypothèses de recherche, mais pas très bon pour tirer des conclusions franches», juge-t-il.
Pour l'OMS, un taux élevé de vaccination reste indispensable
Le 10 septembre, le directeur de l'OMS en Europe s'était déjà montré quelque peu pessimiste sur la capacité d'un taux élevé de vaccination à stopper à lui seul la pandémie de Covid-19, du fait des variants qui ont réduit la perspective d'une immunité collective. Avec une probabilité accrue que la maladie demeure de façon endémique sans être éradiquée, Hans Kluge avait appelé lors d'une conférence de presse à «anticiper pour adapter nos stratégies de vaccination», notamment sur la question des doses supplémentaires.
L'objectif essentiel de la vaccination est avant tout d'empêcher les formes graves de la maladie et la mortalité
En mai, le responsable sanitaire onusien avait affirmé que «la pandémie sera[it] terminée lorsque nous aurons atteint une couverture vaccinale minimale de 70%» de la population mondiale. A la question de savoir si cet objectif restait valable ou s'il devait être relevé, Hans Kluge a répondu en septembre que les nouveaux variants plus contagieux, principalement Delta, avaient changé la donne.
A l'époque, même si le variant détecté initialement en Inde sévissait déjà, «il n'y avait pas une telle émergence des variants plus transmissible et plus viraux», a-t-il fait valoir. «Donc je crois que cela nous amène au point où l'objectif essentiel de la vaccination est avant tout d'empêcher les formes graves de la maladie et la mortalité», a-t-il souligné. Un niveau très élevé de vaccination reste en outre indispensable «pour réduire la pression sur nos systèmes de santé qui ont désespérément besoin de traiter les autres maladies que le Covid», a-t-il ajouté.