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L'ONU nomme un nouvel émissaire pour le Sahara occidental, un poste vacant depuis mai 2019

Le secrétaire général de l'ONU a nommé un émissaire pour le Sahara occidental : l'Italien Staffan de Mistura. Son prédécesseur avait démissionné en mai 2019 après avoir relancé des discussions infructueuses entre le Maroc et le Front Polisario.

Le 6 octobre, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a nommé un nouvel émissaire pour le Sahara occidental. Il s'agit d'un vétéran de l'Organisation, l'Italien Staffan de Mistura, 74 ans. Depuis que le poste était devenu vacant, en mai 2019, une douzaine de candidats avaient été rejetés par le Maroc ou par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. 

En annonçant cette nomination, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric s'est félicité d'un «signal positif» après plus de deux ans de recherche d'un candidat et 13 noms proposés par le chef des Nations unies aux deux protagonistes du conflit. Treizième de la liste, Staffan de Mistura avait été rejeté en mai par le Maroc qui a fait machine arrière récemment pour finalement l'accepter – sous pression américaine selon des diplomates. Il devrait prendre ses fonctions le 1er novembre et sera selon l'ONU basé à Bruxelles, où il réside.

Le Front Polisario se dit «impatient de dialoguer» avec le nouvel émissaire, Washington reste «dans l'ambiguïté»

Le Front Polisario s'est dit dans un communiqué «impatient de dialoguer» avec le nouvel émissaire «sur la façon dont il compte accomplir sa mission dans le but de permettre au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit légitime et inaliénable à l'autodétermination et l'indépendance».

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est félicité en ces termes de la nomination du nouvel émissaire : «Nous soutiendrons activement ses efforts pour promouvoir un avenir pacifique et prospère pour le peuple du Sahara occidental et de la région [ainsi que pour] une reprise du processus politique.» Le chef de la diplomatie américaine n'a pas mentionné la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur l'ensemble de ce territoire accordée en 2020 par l'ex-président Donald Trump.

Selon un responsable de l'ONU s'exprimant sous couvert d'anonymat, Washington a tout intérêt à «rester dans l'ambiguïté» : «Ça les arrange. Ils ne peuvent pas annuler la décision de Trump sans altérer la relation créée en échange entre le Maroc et Israël. Et ils ne peuvent pas la confirmer, car cela irait à l’encontre des résolutions de l’ONU», a-t-il indiqué à l'AFP, en estimant que «l’ambiguïté leur permet de faire pression sur le Maroc».

Des discussions à l'arrêt depuis mai 2019

Fort de «plus de 40 ans d'expérience en diplomatie et affaires politiques», selon les termes d'un communiqué de l'ONU, Staffan de Mistura succède à l'ex-président allemand Horst Köhler. Ce dernier avait démissionné en mai 2019 après avoir relancé des discussions entre le Maroc et le Polisario en présence de l'Algérie et de la Mauritanie ; mais celles-ci n'avaient abouti à aucun résultat tangible.

Parlant anglais, français, allemand, italien, espagnol, suédois et arabe, Staffan de Mistura a notamment été au cours de sa carrière l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie (2014-2018) et le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak (2007-2009) et en Afghanistan (2010-2011).  

Situé sur la côte Atlantique et bordé par le Maroc, la Mauritanie et l'Algérie, le Sahara occidental est riche en phosphates et son littoral, long de 1 100 kilomètres, est très poissonneux. La question du statut de ce territoire oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis, dont la revendication d'autodétermination est notamment soutenue par l'Algérie. Le Polisario, front politique armé qui lutte pour l'indépendance de cette région, réclame un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU, tandis que le Maroc – qui contrôle plus des deux tiers de ce vaste territoire désertique – propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Toutes les tentatives de règlement du conflit ont échoué jusqu'ici.

Objet d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité le 13 octobre, la mission de paix Minurso au Sahara occidental doit être renouvelée le 27 octobre – a priori pour un an.