Le président russe Vladimir Poutine a déclaré le 6 octobre que les Européens étaient seuls responsables de la crise énergétique actuelle. Ces derniers n'ayant pas conclu suffisamment de contrats de livraison sur le long terme avec Moscou.
Le prix du gaz naturel a battu de nouveaux records le même jour, atteignant une hausse de 25% sur les marchés européens. L'envolée des prix risque de frapper le consommateur européen au portefeuille, poussant ainsi plusieurs gouvernements du continent à prendre des mesures.
Le président russe pense que la vision court-termiste des Européens est une faute. «Toute leur politique était de sortir des contrats à long terme et cette politique s'est avérée erronée», a-t-il déclaré lors d'une réunion avec les responsables du secteur énergétique russe. «Ils ont fait des erreurs» a-t-il poursuivi.
L'Europe, dont environ un tiers des besoins en gaz sont couverts par Moscou, affirme depuis des années son intention de diversifier ses sources d'approvisionnement. Des annonces qui n'ont pas vraiment été suivies d'effet jusque-là.
En privilégiant les ventes au comptant au détriment des contrats à long terme, l'Europe n'a pas pu reconstituer des stocks suffisants à l'approche de l'hiver. D'après le Financial Times, la flambée des prix du gaz est essentiellement due à la baisse des stocks de gaz engendrée par le long hiver dernier, et la baisse technique des exportations russes. Faisant référence aux ventes d'appoint utilisées par les Européens en complément des contrats longs, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, a estimé qu'elles n'avaient «pas pu combler le manque existant», rappelant que la Russie était «prête à parler de nouveaux contrats à long terme».
Si certains en Europe comme aux Etats-Unis accusent la Russie de ne pas ouvrir suffisamment les robinets afin d'accélérer la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, Moscou nie toute tentative de manipulation. Pour rappel, la réalisation du gazoduc déplaît fortement à Washington, qui affirme redouter une plus forte dépendance de l'Europe vis-à-vis des importations énergétiques russes. L'administration Biden avait d'ailleurs menacé de sanctions «toute entité impliquée dans le pipeline Nord Stream 2»... avant de reculer en raison de l'avancée inexorable du projet.
La Russie se dit prête à intervenir pour stabiliser les prix
Dans le même temps, la Russie a décidé d'accroître son approvisionnement en gaz en direction de l'Europe, une mesure qui inclut également l'Ukraine. Comme le rapporte Reuters, Vladimir Poutine a affirmé le 6 octobre que la Russie était prête à agir pour stabiliser les marchés du gaz. A la suite de cette annonce, le président russe a déclaré que les ventes de gaz russe vers l'Europe pourraient atteindre de nouveaux records cette année. Il a également confirmé que le transit de gaz via l'Ukraine devrait dépasser les volumes convenus dans le cadre du contrat liant Gazprom et Kiev.
Selon l'agence de presse russe RIA, Gazprom aurait confirmé que sa production de gaz en 2021 devrait dépasser les 510 milliards de mètres cubes, un niveau jamais vu depuis une décennie. A cet égard, Vladimir Poutine a appelé le géant gazier russe à honorer ses contrats de transit avec Kiev. «Gazprom pense que ce serait plus approprié économiquement et plus profitable de payer une amende à l'Ukraine et d'augmenter le volume de gaz pompé par de nouveaux systèmes [...] mais je leur demande de ne pas faire ça», a-t-il affirmé.
Il a également affirmé qu'il n'était pas dans l'intérêt de la Russie de mettre Kiev «dans une position difficile» et ce, «malgré toutes les "nuances" liées aux relations russo-ukrainiennes à ce jour». Le président russe souhaite également préserver la réputation de Gazprom «comme partenaire absolument fiable».