Près de 1 500 personnes ont participé le 3 octobre dans les faubourgs de Kaboul à un premier «rassemblement de la victoire» organisé dans la capitale par les Taliban, soucieux d'asseoir leur autorité militaire, mais aussi désormais civile, sept semaines après avoir pris les rênes du pays. Ce rassemblement s'est tenu dans la commune de Kohdaman, située à la lisière de la capitale afghane dont les Taliban avaient été maintenus à distance pendant les deux décennies d'intervention militaire occidentale.
A la tribune, Mawlawi Muslim Haqqani, le vice-ministre des Affaires religieuses, a loué la victoire du mouvement islamiste radical, qui signe selon lui la défaite des «chrétiens» et des «Occidentaux».
Face à lui, une foule grossissante d'environ 1 500 personnes, uniquement des hommes ou des garçons vêtus en majorité de l'habit traditionnel taliban, avait pris place sous des bâches d'ombrage dressées au milieu d'un terrain vide.
A l'extérieur, des dizaines de gardes lourdement armés encadraient le rassemblement, tandis qu'un haut-parleur claironnait un chant de victoire : «L'Amérique vaincue. Impossible. Impossible. Mais possible !»
Le rassemblement avait débuté dans la matinée par une procession d'hommes en tenue de combat, tous armés, arborant le drapeau taliban blanc avec la profession de foi musulmane inscrite en noir, et pour certains, un lance-roquette à l'épaule. La foule les a accueillis d'un traditionnel «Takbir», la formule religieuse «Allah Akbar» reprise plusieurs fois. Alors que les combats ont quasiment cessé dans le pays, un autre intervenant, présenté sous le nom de Rahmatullah, a estimé que cette situation inédite depuis 20 ans avait été rendue possible par «les files de jeunes qui se sont portés candidats au martyre».
«Les Nations unies sont juste l'autre nom des Etats-Unis et leur mandat ne vise qu'à détruire les pays musulmans. Si vous acceptez leurs termes, vous ne ferez pas mieux que le précédent gouvernement», a ensuite lancé à la tribune Mohammad Akram, responsable d'un groupe de commando taliban.
D'autres rassemblements se sont déroulés dans les villes de Herat (ouest) et Kandahar (sud).
Des rassemblements de la victoire ont également eu lieu à Quetta au Pakistan, une ville située à la frontière entre les deux pays.
A Kaboul, une explosion fait deux morts et trois blessés
Sept semaines après la prise de pouvoir-éclair des combattants islamistes radicaux, «l'Emirat islamique» décrété par les Taliban cherche à assoir sa légitimité auprès de la population, comme du reste des nations, mais aussi à surmonter ses divisions internes. Des milliers d'Afghans, dont une grande partie de l'opposition, redoutant les exactions du mouvement islamiste, ont déjà fui le pays.
Toutes les manifestations ont été interdites par le nouveau pouvoir depuis le 8 septembre et les contrevenants sont menacés de «sévères actions légales». Début septembre, des Taliban armés avaient dispersé des manifestations dans plusieurs villes, dont Kaboul, Faizabad et Hérat où deux personnes avaient été tuées. A Kaboul, les quelques manifestations regroupant une poignée de femmes réclamant le droit à l'éducation ont été dispersées avec violence par des milices armées.
Ce même jour, une explosion, la première depuis plus d'un mois à Kaboul, a fait au moins deux morts et trois blessés près de la mosquée Id Gah. Selon l'AFP, l'attentat a eu lieu à proximité de la mosquée où devait se tenir une prière en mémoire de la mère de Zabihullah Mujahid, le porte-parole des Taliban. Celui-ci avait largement relayé sur les réseaux sociaux le lieu et l'heure de la cérémonie à la mémoire de sa mère. La dernière attaque mortelle à Kaboul remonte au 26 août : 72 personnes avaient été tuées et plus de 150 blessées dans un attentat perpétré à l'aéroport, revendiqué par le groupe Etat islamique province du Khorasan (Daesh-K).