International

Moscou se dit préoccupé par les «salles de shoot» à Paris car elles «normalisent» la toxicomanie

Pour la Russie, la mise en place de «salles de shoot» comme à Paris va à l'encontre des efforts internationaux de lutte contre les stupéfiants, puisqu'elles conduiraient selon elle à «la reconnaissance de la toxicomanie comme norme sociale».

Dans un contexte d’augmentation de la consommation d’héroïne sur fond de pandémie, Alexeï Zaïtsev, directeur adjoint du département de l’information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères, a fait part ce 30 septembre de l'inquiétude de Moscou vis-à-vis de la mise en place par des pays européens de programmes dits de «réduction des risques», ciblant plus particulièrement les «salles de shoot» auxquelles la ville de Paris vient de donner son feu vert.

«Il y a quelques jours à Paris, on a donné le feu vert à l’ouverture de "salles de shoot", où les toxicomanes sont invités à utiliser des drogues dures qu’ils ont apportées avec eux, dans des conditions "sûres"», a-t-il expliqué.

«Les programmes de "réduction des risques" ne visent pas à guérir complètement les citoyens et, en fait, conduisent à la reconnaissance de la toxicomanie en tant que norme sociale et même à sa promotion. La Fédération de Russie ne peut pas accepter une telle approche, car elle va à l’encontre de l’objectif clé des efforts internationaux de lutte contre les stupéfiants – qui consiste à construire une société libre de drogues», a-t-il ainsi souligné, notant toutefois que selon les trois conventions de l’ONU sur les stupéfiants, «le choix des méthodes de traitement de la toxicomanie [était] la prérogative de chaque pays».

La maire de Paris souhaite ouvrir quatre nouvelles structures pour les toxicomanes

«Nous comptons sur la poursuite de la coopération étroite avec la France dans le renforcement du régime actuel de contrôle des stupéfiants et la mise en œuvre des documents politiques adoptés à l’ONU dans ce domaine», a poursuivi Alexeï Zaïtsev, ajoutant que la Russie souhaitait inviter ses partenaires à la prochaine réunion de l’initiative internationale du Pacte de Paris sur la lutte contre le trafic de drogues afghanes, prévue les 15 et 16 décembre à Moscou, «pour discuter des mesures de lutte contre les aspects transfrontaliers du problème des drogues opiacées».

La maire PS de Paris Anne Hidalgo s'est engagée à ouvrir dans la capitale des «salles de shoot» – une expression qu'elle réfute – dont une devrait ouvrir très prochainement. «Il est grand temps d'ouvrir les lieux supplémentaires de prise en charge qui permettront de sortir ces personnes de la rue et de leur dépendance», avait martelé l'édile, qui a présenté «quatre solutions» aux élus, associations et riverains du nord-est parisien lors d'une réunion sur le sujet le 30 août.

La maire socialiste avait notamment proposé «un site adapté pour des accueils jour/nuit et une activité de soin» dans le XXe arrondissement – un projet depuis confirmé en dépit de l'opposition des riverains –, deux sites dans le quartier des Grands Boulevards, «dont un opérationnel avant la fin de l'année», et un site pour les femmes toxicomanes dans le XIXe arrondissement. Début juin, le cabinet du ministre de la Santé Olivier Véran avait jugé «positif» le bilan des deux structures de ce genre testées à Paris et Strasbourg depuis 2016, et avait expliqué vouloir «pérenniser» dans le droit commun ces dispositifs, dont l'expérimentation n'était prévue que jusqu'en 2022.