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Au Chili, une manifestation contre l'immigration vénézuélienne dégénère (VIDEO)

Une manifestation contre l'immigration vénézuélienne a entrainé des heurts à Iquique, dans le nord du Chili. Le procureur Jocelyn Pacheco a annoncé l'ouverture d'une enquête après «l'incendie de biens de familles de migrants».

La justice chilienne a annoncé le 26 septembre avoir ouvert une enquête après des violences commises la veille contre des migrants illégaux vénézuéliens dans le nord du Chili.

Au total, 400 000 Vénézuéliens – un chiffre qui pourrait être plus élevé en raison de l'augmentation depuis 2020 du flux des entrées clandestines par la frontière septentrionale du Chili – sont désormais présents dans ce pays, y constituant la communauté étrangère la plus importante.

Environ 3 000 personnes ont manifesté le 25 septembre, au milieu de drapeaux chiliens, à Iquique, contre l'immigration clandestine grandissante de Vénézuéliens dans cette cité portuaire peuplée de 190 000 habitants et située à 2 000 km au nord de la capitale Santiago.

Un durcissement de l'accueil des Vénézuéliens au Chili

Des échauffourées ont eu lieu et la police a dû intervenir lorsque des manifestants s'en sont pris à des migrants vénézuéliens vivant dans la rue. D'autres protestataires ont investi un petit campement de migrants, déserté par ses occupants dont ils ont brûlé les tentes, les sacs et les matelas. L'association ReporteYa a mis en ligne une vidéo tournée pendant les échauffourées .

Cette vidéo a également été partagée par le député et candidat à la présidentielle chilienne José Antonio Kast : «D'un côté, un président incapable d'arrêter l'immigration clandestine. D'un autre côté, [Gabriel] Boric [député et candidat à l'élection présidentielle] veut ouvrir les frontières et régulariser tous les immigrants illégaux. Notre engagement est clair : fermer les frontières et accélérer l'expulsion des immigrés clandestins.»

La journaliste colombienne Patricia Janiot a quant à elle dénoncé : «L'incendie des tentes et des biens de migrants vénézuéliens après une manifestation contre l'immigration illégale à Iquique Chili est un fait répréhensible. Pourquoi les autorités locales ont-elles autorisé ces attaques ? L'immigration est une réalité qui ne s'arrête pas à la violence.»

Le procureur d'Iquique Jocelyn Pacheco a demandé à la police d'enquêter sur les événements «qui se sont terminés par l'incendie de biens de familles de migrants», peut-on lire dans un message sur le compte Twitter du parquet de la région de Tarapaca. Jocelyn Pacheco a aussi «ordonné [que soient prises] des mesures de protection en faveur des victimes», à savoir 16 migrants, dont des enfants et des personnes âgées, qui ont dû trouver refuge dans des rues ou sur des plages après voir fui ces violences notamment dénoncées par des agences onusiennes.

Le Venezuela est, après la Syrie, le pays qui compte le plus grand nombre de ressortissants déplacés dans le monde, soit quelque 5,6 millions de personnes depuis 2015, selon les évaluations de l'ONU. La manifestation du 25 septembre a eu lieu au lendemain de l'évacuation par les forces de l'ordre d'un campement de migrants installé depuis un an sur une place d'Iquique. La plupart, pauvres et sans papiers, sont bloqués dans cette ville, survivant grâce à de petits boulots, sans aucun moyen de gagner la capitale.

Le gouverneur de la région de Tarapaca, José Miguel Carvajal, a mis en cause le gouvernement conservateur du président Sebastian Piñera, déplorant de ne pas avoir été informé de cette opération. 

En 2018, le Chili avait mis en œuvre une politique migratoire généreuse à l'égard des Vénézuéliens forcés de quitter leur pays en raison de la crise politique et économique qui y sévit. Le gouvernement a toutefois depuis donné un tour de vis, procédant récemment à plusieurs opérations d'expulsion.  Selon des données officielles, 23 673 personnes sont illégalement entrées au Chili entre janvier et juillet, soit 7 000 de plus que sur la totalité de 2020.