Le processus de rédaction de la nouvelle constitution chilienne a démarré sous tension le 4 juillet, à l'issue d'une journée marquée par des affrontements entre manifestants et forces spéciales à l'extérieur de l'ancien parlement à Santiago.
Les manifestants s'étaient d'abord rassemblés à Providencia, dans la province de Santiago, pour exiger la libération de manifestants arrêtés lors de précédents rassemblements. La police a utilisé des canons à eau et des grenades lacrymogènes pour les disperser. Plus tard, la foule s'est rassemblée à Santiago pour manifester son soutien au début de la première session de l'assemblée constituante qui doit rédiger une nouvelle constitution pour remplacer celle héritée du pouvoir d'Augusto Pinochet.
«Cette Constituante va transformer le Chili», a lancé depuis une estrade la présidente de l'assemblée constituante, l'universitaire mapuche Elisa Loncón, selon l'AFP. Plusieurs affrontements ont eu lieu entre des forces anti-émeutes et une poignée de civils devant l'ancien parlement. Une partie des 155 citoyens élus pour rédiger la nouvelle constitution est sortie pour exiger le retrait des forces spéciales du centre de la capitale.
Certains des élus, qui ont finalement tous pu prêter serment, avaient auparavant lancé à Carmen Gloria Valladares, la rapporteuse du tribunal compétent en matière électorale : «Plus jamais de répression !». D'autres délégués ont protesté contre les méthodes policières en frappant des tambours et en chantant l'hymne national, a rapporté Reuters. Vale Miranda, 20 ans, la plus jeune déléguée constitutionnelle, a écrit sur Twitter que plusieurs membres de l'assemblée voulaient empêcher les forces de sécurité de s'interposer face aux manifestants.
«Parce qu'il n'est pas concevable que nous commencions un processus démocratique de cette ampleur avec des pressions politiques au Chili, la première chose est de libérer les prisonniers de la révolte. Ensuite, l'important dans ce processus est que les citoyens et le peuple puissent y participer», a déclaré à l'agence Ruptly Marco Arellano, l'un des 155 citoyens élus pour rédiger la nouvelle constitution.
Plusieurs affrontements ont alors eu lieu entre des forces anti-émeutes et une poignée de civils devant l'ancien parlement, et une suspension des débats de trois heures a été décidée. «Nous voulons une fête de la démocratie et non des problèmes, donc nous allons suspendre temporairement la session», a annoncé la rapporteuse, se disant «inquiète».
La nouvelle Constitution soumise à référendum en 2022
Les Chiliens ont voté massivement lors d'un référendum en 2020 pour remplacer l'actuelle constitution rédigée sous Augusto Pinochet. L'assemblée, qui va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale entre neuf et douze mois est paritaire. A l'issue d'un vote les 15 et 16 mai, les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40% des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels.
Aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour opposer son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers. A l'issue de leurs travaux, la nouvelle Constitution sera soumise à un nouveau référendum en 2022. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur.