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L'Allemagne tourne la page Merkel lors d'un scrutin marqué par un taux d'indécision historique

Les Allemands votent le 26 septembre pour des législatives à suspense où sociaux-démocrates et conservateurs se disputent la succession d'Angela Merkel, qui va quitter la chancellerie après 16 ans de pouvoir.

Ce 26 septembre, 60,4 millions d'électeurs allemands ont jusqu'à 18h pour élire leurs députés et environ 40% se disaient encore indécis à quelques jours de ce vote crucial pour la première économie européenne.

Les sociaux-démocrates de l'actuel ministre des Finances Olaf Scholz devancent légèrement, avec 25%, les conservateurs d'Armin Laschet, crédités de 22 à 23%, un score historiquement bas, selon d'ultimes sondages. Le pronostic est encore rendu plus compliqué par la prise en compte du vote par correspondance, privilégié par nombre d'électeurs, dont Angela Merkel.

Indécision de près de la moitié des électeurs, répartition des sièges en fonction des résultats dans les circonscriptions du pays ou encore mise en place d'une coalition :«Il risque de se passer un petit moment avant qu'on sache le nom du prochain chancelier», résume pour RT France le grand reporter Régis Le Sommier, qui se trouve à Berlin en cette journée électorale.

Merkel va garder les manettes encore quelques mois

De longues tractations seront nécessaires dans les prochains mois pour former le futur attelage au pouvoir, avec le risque d'entraîner une paralysie européenne jusqu'au premier trimestre 2022. Angela Merkel, 67 ans dont plus de 30 en politique, restera aux commandes durant cette période pour expédier les affaires courantes.

Après s'être tenue à l'écart des joutes électorales, la chancelière a multiplié ces derniers jours les meetings pour soutenir Armin Laschet, en difficulté depuis l'été. L'engagement d'une chancelière dont la popularité reste au zénith suffira-t-il pour empêcher la victoire du SPD ? Rien n'est moins sûr. Longtemps englué à la troisième place des sondages, le SPD a effectué à partir de la mi-août une improbable remontée.

Les erreurs de ses adversaires, conjuguées au quasi-sans-faute de son chef de file, de tendance centriste, ont permis de faire mentir les pronostics qui promettaient à l'un des plus vieux partis d'Europe une mort lente.

Ancien maire de Hambourg, Olaf Scholz, bien que dénué de charisme, n'hésite pas à se poser, jusque dans la gestuelle, en véritable héritier d'Angela Merkel.

Vers un podium chamboulé ?

Longtemps en tête des intentions de vote, les chrétiens-démocrates risquent de tomber pour la première fois depuis 1949 sous la barre symbolique des 30%. Outre l'usure du pouvoir, l'union conservatrice a pâti de la mauvaise campagne de son candidat, maladroit et impopulaire.

Président de la CDU et de la plus vaste région, la Rhénanie du nord-Westphalie, Armin Laschet a la réputation de toujours retomber sur ses pieds et de se défaire des adversaires les plus coriaces. Mais la marche semble cette fois bien haute pour l'ancien journaliste, qui a imposé sa candidature lors d'une terrible guerre des chefs contre le dirigeant bavarois Markus Söder.

L'épouvantail d'une coalition de gauche, agité par les conservateurs, pourrait toutefois mobiliser les indécis.

Les Verts devraient se contenter de la troisième place, avec environ 17% des voix. Ce score serait historique pour des Grünen qui n'ont jusqu'ici dépassé la barre des 10% qu'en 2009. Mais il leur laisserait un goût amer car ils étaient en avril encore en tête des sondages, dans une Allemagne inquiète du changement climatique, un sujet qui mobilise particulièrement les jeunes.

La patronne des Verts, Annalena Baerbock, 40 ans, a multiplié les couacs avant l'été, entre accusations de plagiat et primes non déclarées. Les Verts souhaitent participer au gouvernement, si possible avec les sociaux-démocrates. Pour la première fois depuis les années 1950, l'appoint d'un troisième parti devrait toutefois être nécessaire.

La gauche radicale Die Linke semble être prête à participer mais devra d'abord renoncer à ses critiques envers l'OTAN. 

Les libéraux du FDP apparaissent d'ores et déjà comme un potentiel «faiseur de rois».

Enfin, la formation nationaliste AfD, entrée pour la première fois au Bundestag il y a quatre ans, devrait confirmer son ancrage parlementaire avec environ 10%, mais reste exclue de toute coalition éventuelle.