Pour le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, la décision de retrait par la France de la force Barkhane constitue un «abandon en plein vol». «La nouvelle situation née de la fin de Barkhane [...] nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d'autres partenaires», a-t-il assuré le 25 septembre à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, arguant qu'il s'agissait désormais de «combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le nord du Mali».
Le Premier ministre a déploré un «manque de concertation» et une annonce «unilatérale» sans coordination avec l'ONU et le gouvernement malien. «Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation, qui doit être la règle entre partenaires privilégiés, n'ait pas été observé en amont de la décision», a-t-il ajouté. Choguel Maïga a par ailleurs demandé que la mission de paix Minusma de l'ONU et ses 15 000 Casques bleus aient «une posture plus offensive sur le terrain», assurant au passage qu'il n'y avait «pas de sentiment anti-Minusma au Mali, pas plus qu'un sentiment antifrançais».
L'UE inquiète d'un potentiel accord entre Bamako et une société militaire russe privée
De son côté, la France s'est récemment inquiétée d'un potentiel accord passé entre Bamako et la société de sécurité privée russe Wagner, le ministère malien de la Défense reconnaissant auprès de l'AFP mener des pourparlers avec cette entreprise. «C'est absolument inconciliable avec notre présence», a ainsi lancé le 14 septembre le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
Paris confond volontairement Wagner avec la Russie, car la société de sécurité «est accusée, notamment par la France, d'agir pour le compte du Kremlin là où il ne veut pas apparaître de manière trop officielle», précise l'agence de presse française. Le 24 septembre, les responsables de la Défense de 13 pays de l'Union européenne, dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, ont d'ailleurs affirmé qu'une éventuelle implication du groupe au Mali serait inacceptable.
La diplomatie russe a pour sa part tenu à faire le distinguo et démenti tout lien entre Moscou et la fameuse société de sécurité privée : «Les autorités de transition maliennes soulignent clairement leur attachement aux obligations internationales et, par ailleurs, luttent contre le terrorisme. Elles se sont tournées vers une société militaire russe privée étant donné que, si je comprends bien, la France veut réduire considérablement son contingent militaire qui y était déployé et qui était censé [...] combattre les terroristes [au Mali]», a expliqué le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le 25 septembre lors d'une conférence de presse à l'ONU.