Face à la Chine, les Etats-Unis continuent à avancer leurs pions dans la région indo-pacifique. Joe Biden a reçu le 24 septembre les Premiers ministres d'Inde, du Japon et d'Australie, pour réveiller le format diplomatique dit Quad. Esquissé après le tsunami dévastateur de 2004 et formalisé en 2007, le «Dialogue quadrilatéral de sécurité» a longtemps été somnolent.
Mais après un sommet virtuel en mars, le président américain a donc réuni à nouveau à la Maison blanche, pour la première fois en personne, les Premiers ministres Scott Morrison, Yoshihide Suga et Narendra Modi. Les deux premiers ont salué cette réunion qui vise selon eux à promouvoir «une région indo-pacifique libre et ouverte», tandis que le dirigeant indien a lui insisté sur les «valeurs démocratiques partagées» des quatre partenaires. «Nous sommes quatre démocraties de premier ordre, avec une longue histoire de coopération, nous savons comment faire avancer les choses», a déclaré leur hôte Joe Biden.
Pour Olivier Piton, avocat aux Etats-Unis et auteur d'une biographie de Kamala Harris, ce sommet illustre «l'obsession chinoise [...] encore patente» de la part de l'administration Biden. Sur RT France, il a rappelé la réaction française à la suite de l'annulation du contrat de vente de sous-marins avec l'Australie, au profit des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Paris avait dans la foulée mis en scène sa proximité avec New Delhi, et «le Premier ministre Modi avait rappelé l'importance de la coopération militaire et stratégique avec la France», a souligné l'avocat, pour qui «cette réunion Quad arrive fort opportunément pour permettre aux Américains de boucler la boucle et de renforcer avec les Indiens, comme avec les Japonais et l'ensemble du monde anglo-saxon cette quadrature du cercle qui consiste en réalité à se focaliser sur la Chine».
Olivier Piton constate au passage que «la France ne se nourrit que de mots [...] extrêmement chaleureux» alors que «les actes ne suivent pas» de la part des Etats-Unis. Les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron se sont en effet expliqués le 22 septembre, lors d'un entretien téléphonique, sans renouer pleinement les fils de la confiance. Par la voix du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, les Etats-Unis ont promis le lendemain de passer des paroles aux «actes» pour surmonter la crise avec la France, tout en concédant, tout comme Paris, que cela prendrait du «temps».
La France s'est retrouvée balayée en temps que dommage collatéral
Drieu Godefridi, docteur en philosophie et auteur d'un essai sur les Etats-Unis, a relevé sur notre antenne «la continuité parfaite entre la politique de Joe Biden et celle de Donald Trump», à savoir un comportement de «rouleau compresseur» pour faire face «aux velléités hégémoniques revendiquées de la Chine». Le résultat, estime l'essayiste, c'est «une mécanique infernale à certains égards qui est en train de se mettre en place sous nos yeux». Et au sein de laquelle la tentative de «révolte de la France passe pour un détail de l'Histoire», ajoute Drieu Godefridi sur RT France.
Au-delà de la France, c'est l'ensemble de l'Europe qui n'a en effet plus «la même importance géostratégique qu'à l'époque de la Guerre froide», abonde Olivier Piton. Face à «la montée en puissance de la Chine» qui nécessite «une réponse forte des Américains», «la France s'est retrouvée balayée en temps que dommage collatéral», a-t-il poursuivi.