Le camouflet économique – et diplomatique – infligé à Paris après l'annonce de la formation d'un partenariat stratégique entre les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, au détriment d'un contrat de vente de sous-marins français, ne doit pas inciter la France à prendre ses distances vis-à-vis de l'OTAN, estime la ministre des Armées Florence Parly.
Tout au plus, l'affaire témoigne d'un manque de dialogue au sein de l'alliance Atlantique, auquel la ministre entend remédier. «L'attitude des Etats-Unis à l'égard du programme de sous-marins est une nouvelle illustration du constat que nous faisons depuis des mois : aujourd'hui, le dialogue politique est inexistant au sein de l'alliance Atlantique», a-t-elle relevé lors d'une séance de questions au Sénat. «C'est une rupture de confiance» entre alliés, a insisté Florence Parly, évoquant dans la foulée «le retrait précipité d'Afghanistan, de façon non concertée».
Cela vaut-il de claquer la porte de l'OTAN ? Je ne le crois pas
Dans le sillage de nombreux candidats à l’élection présidentielle, qui ont prôné une sortie de l’OTAN, ou tout du moins de son commandement intégré, des élus comme Pierre Laurent (Parti communiste français) ont prié la ministre de clarifier le positionnement de la France vis-à-vis de l'OTAN, et plus globalement de la vision militaire des Etats-Unis dans la zone indo-pacifique. Florence Parly a à ce titre rebondi sur ces différentes interventions pour balayer d'un revers de main toute perspective de sortie du traité de l'Atlantique nord : «Cela vaut-il de claquer la porte de l'OTAN ? Je ne le crois pas.»
La ministre a estimé que la raison d'être de l'OTAN n'était pas la confrontation avec la Chine, mais «la sécurité transatlantique [et la] révision du concept stratégique de l’Alliance». Et Florence Parly d'assurer que lors du prochain sommet de l’OTAN à Madrid, la France ferait une mise au point «en cohérence avec la boussole stratégique européenne pour renforcer l'Europe de la défense». «Etre allié ce n'est pas être otage des intérêts de l'autre», a-t-elle tenté de convaincre.
Le 22 septembre, Joe Biden et Emmanuel Macron devraient s’entretenir par téléphone à la demande du président des Etats-Unis alors que Paris a rappelé ses ambassadeurs à Washington et Canberra pour des consultations.