Le président brésilien Jair Bolsonaro a signé le 6 septembre un décret visant à lutter contre «la suppression arbitraire et injustifiée de comptes, profils et contenus par les fournisseurs», selon le secrétariat à la Communication du gouvernement. Le texte doit encore être entériné par le Congrès avant d'être effectif.
En attendant, cette nouvelle disposition dresse le type de contenus dont la suppression − et la suspension des utilisateurs − relèverait d'un «motif juste» (comme la commission de délits, de violences), et impose de nouveaux protocoles aux plateformes pour appliquer ces suspensions. Lui-même victime de retraits de contenus pour diffusion de d'informations sur le Covid-19 jugées fausses, Jair Bolsonaro a qualifié de «censure» la suspension de comptes ou la suppression de contenus que les plateformes ont appliquées contre lui et certains de ses soutiens.
Des manifestations pro et anti-Bolsonaro ce 7 septembre
Un porte-parole de Facebook a assuré auprès de l'AFP que «cette mesure provisoire [limitait] de manière significative la capacité de restreindre les abus sur nos plateformes», et que «plusieurs spécialistes et juristes [...] [affirmaient] que la proposition viole les droits et les garanties constitutionnels».
En ce sens, Alessandro Molon, député d'opposition et rapporteur en 2014 d'un texte cadrant la réglementation d'internet au Brésil, a assuré qu'il préparait un recours en justice pour invalider le décret présidentiel : «Son objectif n'est pas de protéger la liberté d'expression, le MCI le fait déjà. Ce qu'il veut, c'est empêcher que la désinformation et le discours de haine que ses partisans et lui disséminent continuent à être retirés des plateformes», a expliqué le parlementaire.
Jair Bolsonaro a pris ce décret à la veille d'une journée particulière. Des manifestations de soutien au chef de l'Etat brésilien sont prévues dans les principales villes du pays ce 7 septembre à l'occasion de la fête nationale, en même temps que des rassemblements de l'opposition. Un «pari à haut risque» de la part du président, écrit le quotidien conservateur O Estado de S. Paulo, qui juge Bolsonaro sous pression de crise économique et sanitaire.