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Interview exclusive de l’ex-président guatémaltèque Otto Pérez Molina à RT en six points clés

A la veille des élections au Guatemala, l’ex-président emprisonné pour des soupçons de corruption, a accordé une interview à RT où il a parlé des candidats, des accusations qu'on lui porte et de l'ingérence des Etats-Unis dans les affaires du pays.

Sur l’Amérique centrale en tant qu’«entrepôt de drogue»

Le marché de consommation se trouve aux Etats-Unis, mais le Guatemala et toute l’Amérique centrale se sont transformés en un couloir de trafic et un entrepôt pour la drogue destinée au marché nord-américain. Aux Etats-Unis, on consomme de la drogue, mais au lieu de lutter pour faire baisser le niveau de consommation, il viennent mener des guerres ici, dans nos pays, en nous forçant à combattre à leur place, en plus dans des conditions de constante pénurie de moyens. L’argent et les armes viennent des Etats-Unis, et c’est nous qui subissons les pertes humaines. Nous souffrons de la violence et du manque de sécurité dans notre pays.

 

Sur la lutte contre la drogue

j’ai proposé de chercher d’autres moyens de lutter contre le trafic de drogue, y compris sa légalisation, une initiative qui n’a probablement pas été du goût de tout le monde aux Etats-Unis. Cependant, nous observons actuellement une nouvelle étape de l’«interventionnisme» américain qui s’effectue à travers la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG). Ce sont les Etats-Unis qui se sont mis à sa direction, qui commencent à parler, à agir et puis à détruire ce qui a déjà été réalisé.

 

Sur l’intervention des Etats-Unis dans les affaires de son pays

Lorsque la question s’est posée sur la prolongation du mandat de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala, j’ai dit : «le Guatemala est un pays souverain, et la justice est une partie importante de la souveraineté de tout pays». Si la justice se développe et entreprend des mesures pour se renforcer, nous, le peuple du Guatemala, devons contribuer à ce procès. Mais nous ne pouvons pas admettre l’intervention d’un autre pays, qui poursuit ses propres intérêts.

Sur Jimmy Morales et Sandra Torres

Notre peuple a déjà eu la possibilité de faire connaissance avec Madame Torres. Comme elle le dit elle-même, elle a déjà été au volant. Cela fait partie de sa campagne : elle a déjà été dans la politique et elle a de l’expérience pour résoudre tous les problèmes. Jimmy Morales dit qu’il n’a jamais été dans la politique et que le peuple attend des changements. Je pense que selon les derniers sondages, après ce qui est arrivé dans le pays ces cinq derniers mois, les habitants attendent quelque chose de nouveau. Un «outsider» comme ils disent, un homme hors de la politique. Ils l’ont trouvé en Jimmy Morales et cela explique sa popularité dans les sondages, jusque-là jamais observée.

 

Sur l’intrusion des Etats-Unis dans les affaires latino-américaines

Cela vient de l’histoire. Par exemple, le Nicaragua : pour les Etats-Unis, il a toujours été dans ses petits papiers. Et depuis peu, la présence de nouveaux pays au Nicaragua pousse les Etats-Unis à prendre des mesures. La présence de la Chine au Nicaragua, qui mène des négociations sur la construction d’un canal, avec l’impact évident que cela engendrerait sur les investissements et l’emploi dans le pays, tout ceci incite les Etats-Unis à vouloir renforcer sa présence et sa mainmise sur les affaires internes des pays d’Amérique centrale. Malheureusement, des pays comme le Guatemala sont les objets de ces manipulations.

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Sur les accusations à son encontre

Pour ma part, en tant que président du pays, je suis en prison, alors qu’on ne m’a pas fourni aucune preuve ou cause pour cela. Cela est lié aux affaires louches et aux intérêts de quelques-uns, et la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala est utilisée comme un instrument dans cette optique. Des personnes égocentriques comme Velasquez ont voulu y participer ainsi que, malheureusement, le Parquet général qui exécute les ordres de cette Commission.