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«Ne m'oubliez pas ici» : un interprète afghan ayant porté secours à Joe Biden en 2008 l'interpelle

Un ancien interprète afghan de l'armée américaine bloqué à Kaboul après le départ des Etats-Unis demande de l'aide au président, qu'il avait aidé à secourir alors qu'il était immobilisé par une tempête de neige lors d'une visite en Afghanistan.

Dans un message publié le 1er août par le Wall Street Journal, un ancien interprète afghan de l'armée américaine bloqué à Kaboul après le retrait des Etats-Unis demande l'aide de Joe Biden, qu'il avait aidé à secourir d'une tempête de neige en Afghanistan en 2008. 

«Bonjour M. le Président : sauvez-moi et ma famille. Ne m'oubliez pas ici», supplie Mohammed, qui ne donne pas son nom de famille car il craint pour sa vie depuis le retour au pouvoir des Taliban à la mi-août. Depuis lors, il se cache avec sa femme et ses quatre enfants. «Je ne peux pas sortir, j'ai très peur», affirme-t-il.

«Merci de vous être battu à nos côtés [...] Nous vous ferons partir»

L'ex-interprète, en poste sur la base aérienne de Bagram, dans l'est de l'Afghanistan, faisait partie d'une unité venue secourir trois sénateurs – dont Joe Biden – en visite en Afghanistan en février 2008. Pris dans une tempête de neige, leur hélicoptère avait dû atterrir d'urgence dans une vallée à une trentaine de kilomètres de la base, selon un ancien militaire interrogé par le quotidien. Une fois les trois élus en sécurité, Mohammed avait monté la garde pendant trente heures autour des appareils en attendant une fenêtre météo favorable pour redécoller. 

Selon le Wall Street Journal, Joe Biden avait évoqué ce voyage pour montrer son expérience en politique étrangère lors de la campagne présidentielle de 2008, lorsqu'il était le colistier de Barack Obama.

Mohammed a demandé à bénéficier d'un visa d'immigration spécial, délivré à ceux qui ont travaillé avec l'armée américaine. Mais la société qui l'employait a perdu les documents nécessaires selon Brian Genthe, un sergent de la garde nationale de l'Arizona qui faisait partie de la mission de sauvetage.

Après la victoire des Taliban, Mohammed a tenté sa chance à l'aéroport de Kaboul, où une gigantesque opération d'évacuation était en cours. Mais les soldats américains ont refusé de laisser sa famille entrer avec lui.

Interrogée par le quotidien, la porte-parole de la Maison Banche Jen Psaki a assuré le 31 août que les Etats-Unis allaient continuer à tenter d'évacuer leurs alliés afghans. «Notre message [à Mohammed] est : merci de vous être battu à nos côtés ces 20 dernières années [...] Nous vous ferons partir», a-t-elle promis.

Un cas qui n'est pas isolé

Dans la presse américaine se multiplient les témoignages de civils afghans ayant travaillé pour les forces américaines qui n'ont pas été évacués par avion avant le retrait des Etats-Unis d'Afghanistan, mettant fin le 30 août à 20 ans de guerre.

Le Washington Post rapporte ainsi la situation de Mike, un autre ancien interprète afghan titulaire d'une carte verte et qui vit désormais aux Etats-Unis. Revenu en Afghanistan pour tenter de faire évacuer sa famille, il se cache aux environs de Kaboul avec sa femme, ses trois enfants, ses parents, deux frères et une sœur. Il a attendu pendant 36 heures devant les grilles de l'aéroport, mais n'a pas pu passer les grilles, selon Zach Disbrow, son ancien commandant en 2012 qui lui avait pourtant trouvé des places dans un avion militaire.