Un hôpital américain a été contraint par la justice de délivrer à un malade du Covid-19 de l'ivermectine, un antiparasitaire plébiscité dans certains milieux. La décision d'un juge de l'Ohio, la semaine dernière, s'inscrit dans une série de jugements favorables à des proches de malades contre des hôpitaux réticents à utiliser ce produit qui fait l'objet de mises en garde de la part des autorités sanitaires.
Dans ce dossier, Julie Smith, une habitante de la banlieue de Cincinnati, avait obtenu qu'un médecin prescrive de l'ivermectine à son mari Jeffrey, hospitalisé en soins intensifs. Face au refus de l'hôpital de délivrer ce produit, elle avait saisi la justice le 20 août avec l'aide d'un avocat qui a gagné des recours comparables à New York et Chicago.
Le juge Gregory Howard a ordonné à l'hôpital de respecter l'ordonnance, en administrant 30 mg d'ivermectine par jour pendant trois semaines à son patient. Contacté par l'AFP, l'établissement n'a pas fait savoir s'il comptait faire appel ou se plier à la décision.
La FDA met en garde contre des risques de surdose
L'ivermectine est un médicament très utilisé par les vétérinaires, mais qui a aussi un usage humain contre des parasites, comme la gale, la cécité des rivières (onchocercose) ou encore les poux. Depuis le début de la crise sanitaire, des études ont été conduites pour déterminer si ce médicament peu coûteux pourrait aider à lutter contre le Covid-19. Malgré de premières pré-études en laboratoire encourageantes, les essais menés à ce stade ne sont pas concluants.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités sanitaires européennes et américaines déconseillent son utilisation contre le Covid, ce qui n'empêche pas un engouement dans certains segments de la population. Aux Etats-Unis, des conservateurs proches de l'ancien président Donald Trump, comme les présentateurs de Fox News Laura Ingraham et Sean Hannity, ou le sénateur Ron Johnson en ont fait la promotion.
Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont noté le 26 août une hausse des ventes du médicament, qui faisait l'objet de 3 600 ordonnances par semaine avant la pandémie contre 88 000 en août. Mais les CDC ont aussi noté une augmentation des «effets secondaires liés à un mauvais usage ou à des surdoses d'ivermectine, mesurés par une hausse des appels dans les centres anti-poison».
L'agence américaine du médicament, la FDA a mis en garde contre les dangers de surdose ou l'usage de la forme vétérinaire du médicament. «Vous n'êtes pas un cheval. Vous n'êtes pas une vache. Sérieusement, arrêtez», a-t-elle écrit sur Twitter.