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Terrorisme, migrations, narcotrafic... Moscou dénonce les dégâts de l'interventionnisme occidental

Pour le chef de la diplomatie russe, les campagnes militaires visant à altérer le mode de vie et les valeurs de peuples sont vouées à l'échec. En témoignent, selon lui, les opérations occidentales désastreuses en Afghanistan, en Irak ou en Syrie.

Quelles leçons Washington doit-il tirer de sa débandade en Afghanistan, où les Taliban ont repris le pouvoir après 20 ans d'occupation militaire étrangère ? A cette interrogation, formulée lors d'une conférence de presse à Vienne (Autriche) ce 25 août, le ministre russe des Affaires étrangères a répondu : «La conclusion est peut-être qu'il ne faut apprendre à vivre à personne, encore moins par la force». Et Sergueï Lavrov de poursuivre : «Chacun doit s'occuper de ses propres problèmes, d'autant plus qu'il y en a assez dans chaque pays.» 

Chacun doit s'occuper de ses propres problèmes, d'autant plus qu'il y en a assez dans chaque pays

Les quatre campagnes militaires occidentales évoquées par le chef de la diplomatie russe n'ont, selon lui, «mené à rien de bon», ayant provoqué «une explosion du terrorisme» et dans certains cas une croissance du narcotrafic ainsi qu'une flambée des flux de migration illégaux.  

Sergueï Lavrov s'exprimait, alors, en conférence de presse au côté de son homologue autrichien Alexander Schallenberg. Quelques jours plus tôt, le 20 août, Vladimir Poutine avait tenu des propos particularistes du même type  au sujet de l'ingérence occidentale. Le président russe avait, en effet, jugé nécessaire de cesser «cette politique irresponsable qui cherche à imposer des valeurs venant de l'extérieur, à bâtir la démocratie selon les normes des autres sans tenir compte des particularités historiques, ethniques et régionales, au mépris des traditions des autres peuples.»

Reconquête fulgurante du pouvoir par les Taliban

La récente reconquête du pouvoir par les Taliban est survenue alors que les Etats-Unis et l'OTAN ont commencé en mai dernier le retrait de leurs 9 500 soldats, dont 2 500 militaires américains, encore présents en Afghanistan. Les Etats-Unis étaient intervenus en Afghanistan en 2001 en invoquant le refus des Taliban de livrer le chef de l'organisation terroriste Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. En deux décennies de présence militaire dans le pays, Washington déplore 2 500 morts, et a dépensé plus de 2 000 milliards de dollars.

Les insurgés islamistes taliban sont entrés à Kaboul le 15 août, après une fulgurante offensive qui en à peine dix jours leur a permis de prendre le contrôle de pratiquement tout le pays, et d'occuper le palais présidentiel déserté par le président Ashraf Ghani, en fuite à l'étranger.

Dans ce contexte, le 17 août, Sergueï Lavrov avait appelé de ses vœux «un dialogue participatif» impliquant «toutes les forces principales» en Afghanistan. Pour le chef de la diplomatie russe, il convenait en effet de ne pas «se laisser guider par les critères que les Etats-Unis et l'OTAN ont tentés d'appliquer depuis 20 ans», mais de s'inspirer du respect «des traditions, de l'histoire et des coutumes» des Afghans. Le G7, de son côté, a fermement exigé que les Taliban rendent compte «de leurs actes» en matière de terrorisme ou des droits de l'Homme, tout en leur demandant de former un «gouvernement inclusif» comprenant des minorités.