La situation en Afghanistan, où les Taliban ont repris le pouvoir à la faveur du retrait militaire américain, est au cœur des attentions de toutes les chancelleries. Aussi, le sujet occupait une place de choix dans les échanges que le président russe Vladimir Poutine a eus, le 18 août, avec son homologue iranien et avec son homologue tadjik.
Selon un communiqué du Kremlin, le chef d'Etat russe et le président du Tadjikistan Emomali Rahmon ont eu «un échange de vues approfondi» sur la situation en Afghanistan, lors d'une conversation téléphonique. «Ils ont souligné l'importance d'assurer la sécurité de la population civile et la normalisation la plus rapide possible de la situation dans ce pays, dans l'intérêt du maintien de la stabilité dans la région», rapporte la présidence russe.
De même, lors d'une autre conversation téléphonique de Vladimir Poutine, avec son homologue iranien Ebrahim Raïssi, «une grande attention a été accordée aux événements en Afghanistan et la volonté de contribuer à l’instauration de la paix et de la stabilité dans ce pays a été exprimée», selon le Kremlin également. Le même jour, l'Iran s'est aussi dit prêt prêt à coopérer avec la Chine en vue de la stabilisation et du développement de l'Afghanistan, selon des propos d'Ebrahim Raïssi au président chinois Xi Jinping.
La veille, le 17 août, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait appelé de ses vœux «un dialogue participatif» impliquant «toutes les forces principales» en Afghanistan. Pour le chef de la diplomatie russe, il convient de ne pas «se laisser guider par les critères que les Etats-Unis et l'OTAN ont tenté d'appliquer depuis 20 ans», mais de s'inspirer du respect «des traditions, de l'histoire et des coutumes» des Afghans. Sergueï Lavrov avait également vu comme un «signal positif» le fait que les Taliban à Kaboul «proclament [...] leur disposition à respecter les opinions des autres» composantes politiques du pays, ce fait constituant «peut être un pas vers la normalisation de la situation en Afghanistan.»
Après la prise de Kaboul, les Taliban ont promis un «gouvernement islamique inclusif», qui représenterait «l'ensemble des Afghans». Ils ont également annoncé une amnistie générale pour tous les fonctionnaires d'Etat et déclaré ne vouloir «aucun ennemi intérieur ou extérieur». Pour autant, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) s'est dit particulièrement alarmé par la situation en Afghanistan, eu égard aux «signalements récents qui font état d'une escalade de la violence dans le pays» dont «des crimes qui pourrait relever de violations du droit international humanitaire».